Pouvez-vous résumer votre parcours de vie ? Un parcours très diversifié fait de plusieurs ‘strates’ d’existence :
4 ans aux Etats-Unis, 15 ans de publicité, 14 ans d’édition (création de 2 collections : littérature étrangère, "L’Etrangère" et Réflexion philosophique, "Ose savoir"). Le tout parsemé de reportages photos. Et enfin, ‘last but not least’ : 10 ans de philanthropie.
Une référence culturelle ? Etty Hillesum avec son livre, Une Vie bouleversée. C’est pour moi l ‘incarnation du dieu de ma seule religion : la Vie.
La Fondation Ensemble lance une campagne en faveur des espèces menacées. Pourquoi l’animal sauvage ? Parce qu’il incarne la vie dans sa générosité et sa magnificence, parce qu’il est exactement à sa place dans le milieu auquel il appartient. Et parce que toute cette perfection est en danger, cela m’émeut. Mais les conditions d’élevage et d’abattage de l’animal-nourriture m’obsèdent autant. Rejoignez l’association L124 qui lutte contre cette abomination.
Si vous en étiez un animal sauvage ? Un animal sauvage parfait : le ver de terre qui oxygène la terre et dont les excréments l’enrichissent.
Une belle rencontre avec la vie sauvage ? A Madagascar, la rencontre avec les lémuriens, si précieux car ils n’existent nulle part ailleurs dans le monde, et sont condamnés à mort par la disparition de leur habitat et le braconnage. Un beau souvenir sonore : leur chant à la nuit tombante dans la forêt, d’un groupe à l’autre, d’un arbre à l’autre.
Votre lieu sauvage préféré ? Chez moi, en Normandie, dans un écosystème respectueux de toutes les formes de vies végétales et animales, où coexistent animaux sauvages (renards, sangliers, chevreuils, blaireaux, écureuils, fouines et belettes, oiseaux de toutes sortes), abeilles, et animaux recueillis (biche, daine, alpagas, vaches, ânes, poneys, brebis, etc.)
Un lieu mythique ? Le mythe ne m’intéresse pas, seule la réalité d’un lieu, sa force, sa puissance, son histoire me touchent . Pourtant Patmos, l’île grecque de l’Apocalypse, qui signifie ‘Révélation’ en grec, pourrait en être un.
Une œuvre qui fait partie ou illustre votre parcours ? Le livre de photos que j’ai réalisé : "Magie de Patmos". Parce que c’est l’histoire d’une rencontre avec la nature, la lumière et la philosophie.
Un conseil ? Dans quelque activité que ce soit, toujours questionner les évidences et remettre en cause les soi-disant acquits.
Parlez-nous un peu de vos actions La Fondation que je préside porte ce beau nom Ensemble, symbolisant le lien qui relie tous les maillons de la chaine du vivant, qu’ils soient animaux ou végétaux. A travers elle, nous participons à la lutte contre la destruction du ‘système terre’. Avec des projets de soutien à l’agriculture et à la pêche durables, à la conservation de la biodiversité, avec un fonds spécial dédié aux espèces animales menacées( 25 espèces animales et 610 000 ha de forêt protégés). En 10 ans, la Fondation Ensemble a engagé 21 millions € et soutenu 215 projets.
Une étude parue en janvier dernier, montre que les limites à ne pas dépasser sont déjà franchies dans plusieurs domaines dont celui - fondamental car une espèce disparue l’est à tout jamais -, de l’érosion accélérée de la biodiversité. Tout le malheur vient de ce que nous avons oublié ce fait primordial: tout est lié et relié. Les bouddhistes le savaient déjà, aujourd’hui les scientifiques le reconnaissent.
Vous disparaissez demain : quel message avez-vous envie de laisser ? Si je disparaissais demain, le seul message que j’aimerais laisser est celui que je délivre chaque fois que je me rends dans une classe, pour parler aux enfants de la protection de la planète : ‘faites votre part’, comme le colibri justement fameux de Pierre Rabhi.