Les réalisateurs

CHARBONNIER Laurent

Spécialiste reconnu du film animalier, Laurent CHARBONNIER, 58 ans, exerce ce métier depuis plus de 30 ans.

Solognot de lignée et de naissance, mère institutrice, il a toujours "vécu près de la nature."

Etudes vite arrêtées, CAP de photographe en poche, il commence par cette discipline, en travaillant des classiques : portrait, studio, nature morte, photo industrielle, etc.

Mais la photo lui semble trop instantanée, trop unitaire alors il se tourne vers le cinéma : tourner un plan, penser au suivant, à l’insertion de tous les plans dans le montage, penser histoire, scénario, puis envisager une bande son, une musique, un commentaire : toute la complexité et la richesse d’un film !

Après l'armée comme photographe dans l'aéronavale, un ami photographe lui prête une caméra Beaulieu 16mm et c'est parti!

A 20 ans, il se met à tourner : sans moyens, ni producteur, ni diffuseur … Il réalise son premier film  « La plaine aux busards « que Marlyse de la Grange lui achète pour son émission Les animaux du Monde en 1981, émission qu'il regardait depuis l'âge de 12 ans et qui, dit-il a forgé sa vocation, plutôt qu'un métier, tant sa vie a suivi la voie naturelle de ses premières passions d'adolescent.

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Busard cendré/LPO

En tant que Solognot, il a arpenté les forêts de son pays natal, Chambord en particulier, et y a réalisé de nombreux documentaires sur le massif dont le célèbre Tant qu'il y aura des cerfs, première monographie consacrée au roi de la forêt (1984), sans négliger des territoires plus lointains - Camargue, Brenne, Europe, Afrique.... -  pour y rencontrer ours, loups et autre avifaune et mammifères.

LCP FLAMANTS ROSES

Producteur (il crée sa société de production LCP en 1988), réalisateur ou chef opérateur, Laurent CHARBONNIER a réalisé et participé à plus de 80 longs métrages et documentaires animaliers, et institutionnels comme :
Les enfants du marais de Jean Becker,
L'enfant des neiges, Le dernier trappeur, Loup, Belle et Sébastien de Nicolas Vanier,
Les animaux amoureux (2007);
Le peuple Migrateur, Océan,  Les saisons (sortie décembre 2015) de Jacques Perrin
La clé des champs de Marie Perenou et Claude Nuridsani.
Voir le documentaire réalisé pour Arte,  "Tendresses animales, un jour dans la forêt" : ici
Il a reçu de nombreuses récompenses ainsi qu’une nomination aux Césars pour son film Les Animaux amoureux (2007, voir extrait : ici).
LCP REPERAGE SOLOGNE
 Nous l'avons rencontré entre deux tournages durant l'été 2015.

INTERVIEW

Quels sont vos maîtres à penser, vos références ?

Les deux films de François Bel et Gérard Vienne sans aucun doute : « Le territoire des autres » et « La griffe et la dent ». Plus tard, Gérad Vienne m’avait proposé de tourner avec lui « Le peuple singe », mais j’étais occupé sur un autre projet en Sologne.

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Mais il y aussi le film des frères Terrasse « Printemps en Sologne » qui m’a marqué, surtout à cause des rapaces que j’adore, le Circaète Jean Le Blanc en particulier. J’en ai un près de chez moi que je vois et filme régulièrement.

Et puis Alain Perthuis, co-réalisateur de « La plaine aux busards ».

Et Jacques Perrin, que j’aime beaucoup depuis toujours et avec lequel j’ai travaillé sur plusieurs de ses films.

Pourquoi l’animal sauvage ? J’adore observer la nature, sentir les ambiances, me lever tôt pour admirer la brume dans l’aube, l’ambiance, les sons; j’aime observer l’animal qui suit la rivière, qui la traverse, le cerf, le sanglier… Je suis à l’aise en forêt, en regardant les feuilles qui tombent, au bord d’un étang.

Si vous en étiez un, lequel ? Le Circaète ! Le premier nid que j’ai trouvé, quelle émotion ! Le jeune piaillait, je l’observais à 30 mètres avec mes jumelles ; pour la première fois je voyais l’adulte régurgiter un serpent.

Je l’ai filmé deux fois ; En ce moment, tous les jours, j’en vois un se poser près de chez moi.

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photo LPO

La ou les deux plus belles rencontres avec la vie sauvage?

Ma rencontre avec Robert Hainard en 1987, les trois jours passés chez lui.

Tous les tournages de vie sauvage, Le Peuple migrateur (qui m’a fait prendre l’avion 52 fois), Les animaux amoureux, Océan…

Ma rencontre avec les oiseaux paradisiers en Papouasie-Nouvelle Guinée.

La Tanzanie, les milliers de gnous en migration.

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LCP TOURNAGE GRUE TANZANIE VENIR AU MONDE

Tournage en Tanzanie

Le circaète bien sûr.

En France, le brame du cerf, l’ambiance de la brume, les bois qui dépassent des fougères, la rivière – le Cosson – qui traverse Chambord, le soleil dans son axe début août, les fumeroles qui s’élèvent, le trio cerf-biche-faon, les sangliers, la brillance de l’eau…

Le cerf est un animal que j’aime beaucoup ; il n’est pas simple à filmer, il faut faire attention. Le brame est majestueux, dynamique, amusant parfois (quand le cerf s’endort en piquant du nez), magique, puissant. J’aime la vapeur qui sourd du poil humide de l’animal, son air vaguement bovin. Une fois, à l’affût au bord du Cosson, j’en vois un qui approche et sort à quelques mètres : stupeur ! C’est un moment plein de surprises.

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LCP TOURNAGE AFFUT BRAME CERF

 

Votre lieu de nature préféré? Le Cosson à Chambord justement. J’adore l’eau, les étangs, le marais, la mare devant chez moi où pataugent foulque, grèbe, martin pêcheur…

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ? Je suis un solognot pur-souche, j’aime autant le chevreuil que la girafe !

Quel genre de matériel utilisez-vous dans votre activité ? Je travaille avec du gros matériel, caméra haute définition, objectif 15-495mm (équivalent 45-1500mm pour le 24x36. Pour les Saisons de Jacques Perrin, j’ai utilisé une Sony F65 avec un 75-400 Fujinon de 37Kg !

LCP TOURNAGE GRUE MARAIS ROUSSEROLLE LES ANIMAUX AMOUREUX

 Et quelles techniques de rencontre avec l’animal sauvage ? Je fais de l’affût à 95%, pour le matériel d’abord (caméra plus trépied) et parce que l’approche fait fuir.

Un conseil au débutant dans votre activité, que lui diriez-vous ? Se lever tôt le matin, y aller franchement. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est formidable.

Un animal disparu revient, lequel ? J’ai fait plusieurs films sur les retours d’animaux, le Balbuzard, revenu par la forêt d’Orléans, les vautours dans les Cévennes, la loutre, les cigognes (9 couples en 1974, 2000 en 2015 !)

Quelles sont les dangers qui menacent la vie, la faune sauvage ? J'en citerai deux importantes : L’urbanisation galopante, toute proche, les lotissements, les usines, le goudron. Et les coupes rases des forestiers au printemps qui entraînent la disparition d’espèces.

Y a t’il une association pour laquelle votre cœur bat davantage ? Je ne suis pas très associatif même si je soutiens les initiatives en faveur de la nature, le travail de ceux qui s’y collent ; Jacques Trotignon, en Brenne, par exemple. Acheter un terrain, protéger une mare…

Mes films militent d’une certaine façon ; j’ai tourné avec eux dans les écoles, les mairies, ils sont aussi une matière pédagogique. Les gens connaissent peu la nature d’à côté, la mare, la haie et la vie qui s’y cache.

J’ai fait un seul film pour la LPO, j’ai des projets mais peu de temps !

 Vous disparaissez ce soir, quel message laissez-vous ? Il est urgent de mieux préserver ce qui nous entoure. Puis, si vous avez un peu de temps, regardez mes films !

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