Ma recherche actuelle consiste à utiliser et détourner ce qui existe déjà, et je trouve dans le thème des oiseaux et l’utilisation du bois à l’état brut, une très grande liberté d’expression.
Les hommes ont de tout temps tenu les oiseaux en haute estime, pour la beauté de leur plumage et de leur chant, pour leur présence permanente, leur variété, et surtout comme symbole de la liberté.
Pour ma part, cette fascination dure depuis l’enfance. Elle a nourri ma créativité et m’a incité à tenter de me les approprier, sans pour autant les enfermer, ni les transformer en trophée.
Au cours des ans, je me suis aperçu que l’on trouvait de façon fragmentaire, dans des bois flottés ou des bois de forêt, d’étonnantes similitudes de formes avec le monde animal, en particulier celui des oiseaux. D’où l’idée d’isoler ces similitudes et de les assembler entre elles après à un choix rigoureux des fragments, de façon à reconstituer un oiseau.
Le bois est un matériau vivant par excellence et si on le laisse brut de toute son histoire, il peut parfois, juste par un détail – comme une cicatrice, une courbe, un nœud, ou un défaut – évoquer une tête, un corps, un plumage, une aile… Parfois le rapprochement est plus évident, mais l’imagination est toujours sollicitée.
Une fois à l’atelier, des heures, des jours, ou même des années plus tard, j’éprouve un réel plaisir, lorsque ces fragments, trouvés aux quatre coins du monde, prennent forme en s’assemblant les uns aux autres, prenant corps en s’adaptant parfaitement dans les volumes et la position.
A mi-chemin entre réalisme et subjectivité, j’interviens le moins possible dans la reprise des volumes, afin de garder la force et la vigueur des lignes du bois.
Le choix est parfois difficile pour choisir les morceaux, pour que les courbes et les contre-courbes soient harmonieuses, pour que les volumes soient équilibrés, pour que ces détails, qui m’ont fait partir dans l’imaginaire, soient le mieux mis en valeur.
Je n’ai pas l’angoisse « de la feuille blanche », ce n’est pas moi qui crée la forme, c’est elle qui s’impose à moi. En revanche, j’ai l’angoisse « du trait de scie » au moment d’effectuer mes coupes : Ai-je fait le bon choix ? N’y avait-il pas moyen de tirer un meilleur parti de ce fragment ? Mais ces questionnements sont récompensés par le résultat final : l’oiseau est là, bien campé sur ses pattes, arrogant ou timide, curieux ou pensif.
Parfois la ressemblance avec ses comparses est tellement évidente qu’il m’est difficile de ne pas lui donner un nom, quelquefois le jeu des lignes et des courbes m’entraîne sur des formes hybrides.
Il ne s’agit pas d’une recherche ornithologique, ce sont avant tout des sculptures.
A nous de laisser courir notre imaginaire, de combler les manques et de corriger les imperfections.