Les scientifiques

HALLE Francis

Francis Hallé, né le 15 avril 1938 à Seine-Port en Seine-et-Marne est un botaniste, biologiste et dendrologue français.

Francis Hallé est diplômé en biologie de la Sorbonne, en botanique de l’université d’Abidjan et il devient botaniste et biologiste. Il est ancien professeur de botanique à l’Université de Montpellier, spécialiste de l’écologie des forêts tropicales humides, de l’architecture des arbres, et défenseur des forêts primaires (c’est-à-dire les forêts jamais exploitées par l’homme, qui ne représenteraient plus aujourd'hui que 5 à 10 % des forêts de la planète).
« Ses convictions sont ancrées dans le sol, comme les racines de ses amis feuillus et branchus. Son amour pour les forêts primaires est infini. » (Fabienne Chauvière)

Il travaille avec Luc Jacquet et l'association Wild-Touch sur "Il était une forêt", un projet cinématographique et cross média sur les dernières grandes forêts du monde et les dangers qui les guettent sorti en 2013.
Il rappelle qu'une forêt secondaire a besoin de sept siècles pour revenir à l'état primaire et dénonce le désastre écologique que constitue la déforestation abusive pratiquée par les grands groupes industriels, dont on peut déjà voir les conséquences dans des pays tels que Haïti, le Nigéria, Madagascar ou la Malaisie. Il fait remarquer que les populations forestières des forêts primaires n'ont jamais changé le caractère primaire de celles-ci, et que la déforestation peut être assimilée à un génocide car sans ces forêts ces populations sont perdues. Il rappelle enfin que les forêts primaires contiennent 75 % de la biodiversité mondiale et que dans 10 ans, celles des tropiques auront disparu.

De 1986 à 2003, il a dirigé les missions scientifiques du "Radeau" des cimes sur les canopées des forêts tropicales. Il a découvert que la canopée est une source primordiale de la diversité biologique.

Dans son livre "Eloge de la plante", il soutient que les végétaux et l'espèce humaine ne sont en rien comparables. Les végétaux sont apparus bien avant les hommes et les animaux en général et ils leur survivront certainement. En effet, les animaux (dont l'homme) ont besoin des végétaux pour vivre (alimentation, environnement, etc.) alors que la majorité des végétaux est capable de vivre en totale autonomie et peut ainsi très bien se passer des animaux.

Hallé s'intéresse également à la science des formes et notamment à l'architecture des plantes.
Dans son livre "Plaidoyer pour l’arbre", paru en 2005, Francis Hallé « souhaite porter à la connaissance du grand public les découvertes récentes autour de ce patrimoine commun à toute l’humanité ». Il affirme tout d'abord la difficulté de définir l'arbre. À l'aide d'exemples, il montre que la hauteur au-dessus du sol, le caractère ligneux de la plante, la présence de branches ne sont pas des caractéristiques que l'on peut conférer dans l'absolu aux arbres. Le biologiste cite Alessandro Baricco : « Définir l’arbre, c’est comme définir la bêtise : c'est presque impossible, et pourtant nous en connaissons tous d'excellents exemples. »

Après s'être intéressé aux secrets de l'arbre, Francis Hallé présente tout ce que l'arbre apporte à l'homme et tire le portrait d'espèces remarquables comme, par exemple, le durian, l'eucalyptus ou l'hévéa.
Francis Hallé est un des précurseurs de l'« architecture des plantes ». Sa capacité d'observation lui permet de reconnaître dans les végétaux des structures qui sont une constante pour chaque espèce : quelle que soit la variabilité de son environnement, une plante donnée reproduit toujours la même architecture. Il dénombre vingt-deux modèles différents pour l'ensemble des espèces d'arbres qu'il a étudiées. Cette classification est basée sur très peu de critères : la verticalité ou l'horizontalité des branches, le mode de croissance des tiges, la disposition de l'inflorescence.

Il soutient l'hypothèse de l'arbre coloniaire à partir d'observations et expériences réalisées par Roelof A. A. Oldeman et poursuivies par lui-même. La majorité des arbres (sauf certains comme les palmiers ou les araucarias) ne seraient pas des individus simples mais appartiendraient à une colonie. Il considère les bourgeons comme des individus reliés entre eux à la façon des polypes sur un récif corallien. La réitération, ou capacité à se multiplier végétativement, prouve la divisibilité de l'arbre, phénomène qui se traduit par la production de rejets, spontanés ou traumatiques. Or l'individu par définition n'est pas divisible. De plus, Francis Hallé s'étonne d'observer sur certains arbres des racines au sein même des unités réitérées, c'est-à-dire des racines au sein même des branches.

Variabilité génétique au sein d'un même arbre Darlyne Murawski et F. Hallé ont aussi remarqué en zone tropicale qu'un même arbre pouvait posséder plusieurs génotypes :
Un tel phénomène de polymorphisme génétique présent non pas à l'échelle d'une population, mais à celle d'un individu, avait déjà été rapporté 10 ans plus tôt à propos d'ADN chloroplastique d'hybrides sauvages de deux pins nord américains (Pinus banksiana et Pinus contorta) lors d'une étude génétique ayant porté sur 6 arbres : chez quatre de ces six arbres le génome chloroplastique différait selon les groupes de branches étudiées (dans le même arbre) ; dans ce cas, les auteurs avaient attribué ce qu'ils pensaient être une anomalie à une mutation somatique ou à un « trait biparental occasionnel » ; leur conclusion était : « On ne sait pas si les variations dans ces sujets sont dues à une mutation somatique ou à un trait biparental occasionnel hérité dans l'ADN des chloroplastes. Toutefois, les données recueillies indiquent que les variations décelées dans les sujets individuels peuvent constituer une source importante de variabilité génétique dans diverses régions sympatriques des arbres forestiers. »

Francis Hallé a aussi découvert la « timidité » de certains arbres (fagacées, pins), un phénomène tout aussi étonnant. Les branches ou les racines de certains arbres ne s'entremêlent point quand elles se rapprochent, et décrivent une fente de timidité. Ce phénomène se traduit aussi entre les cimes de plusieurs arbres. On peut observer une fente de timidité entre différents arbres de la même espèce, peut-être liée à un échange de gaz. Quel avantage sélectif cela apporte-t-il à l'arbre ? Il est un des rares scientifiques à défendre la croyance populaire prétendant que les phases lunaires ont une influence sur la croissance des végétaux.

Le travail scientifique de F. Hallé pourrait renverser des dogmes conceptuels : la plante dominerait-elle les animaux (parmi eux les hommes) ? L'arbre serait-il une colonie donc un ensemble d'entités fonctionnant de concert ? Que serait l'homme sans arbres ? Que peut-on lui devoir ?

Le dernier film de Luc Marescot "Poumon vert & tapis rouge" lui est consacré

Bibliographie :
Un monde sans hiver - Les Tropiques : nature et sociétés (Le Seuil, 1993)
Éloge de la plante, pour une nouvelle biologie (Le Seuil, 1999) - (ISBN 978-2-02-068498-9)
Le Radeau des cimes, l'exploration des canopées forestières avec Dany Cleyet-Marrel et Gilles Ebersolt, (Lattès, 2000) - Prix André Soubiran (Medec 2001)
Essai sur l'architecture et la dynamique de croissance des arbres tropicaux avec Oldeman, (Masson, 2002)
Architecture des plantes (2004)
Plaidoyer pour l'arbre (Actes Sud, 2005) - Prix « Homme et botanique » - (ISBN 978-2-7427-5712-1)
Aux origines des plantes Tome 1 & 2 (Fayard, 2008) - (ISBN 978-2-213-62836-3 et 978-2-213-63050-2)
La Condition tropicale. Une histoire naturelle, économique et sociale des basses latitudes (Actes Sud, 2010) - (ISBN 978-2-7427-8840-8)
La Vie des arbres. (Bayard, 2011)
Du bon usage des arbres. (Actes Sud, 2011)
Illustrations botaniques du Dictionnaire Les Mots de la botanique (Actes Sud, 2011) - (ISBN 978-2-7427-9890-2)
Un jardin après la pluie (Armand-Colin, 2013) et Plaidoyer pour la forêt tropicale, Actes Sud, 2014

Son dernier livre : "50 ans d'explorations et d'études scientifiques de la forêt tropicale", Museo, 2016

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