L’ASPAS, aux côtés de La Fondation pour la Nature et l’Homme, Agir pour l’environnement, France nature environnement, Générations futures, Les Amis de la Terre, Réseau sortir du nucléaire, l’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, Virage énergies et la Société nationale de protection de la nature réagissent, jeudi 30 août, à la démission du ministre d’Etat.
La démission de Nicolas Hulot a surpris par sa soudaineté. Quinze mois durant, l’ancien ministre a buté sur les résistances institutionnelles et des arbitrages politiques trop souvent perdus. L’orientation politique du chef de l’Etat ne laissait que peu de place à une véritable transition écologique et solidaire. Malgré l’ambition affichée du ministre de l’Ecologie, la volonté d’Emmanuel Macron de ménager la chèvre écologique et le chou productiviste n’a pas contribué à créer la condition d’une politique écologique lisible et cohérente.
La superficialité de l’engagement écologique d’Emmanuel Macron implicitement révélée
De la non-interdiction du glyphosate aux multiples décisions favorables à la construction de nouvelles autoroutes, du non-choix en matière de transition énergétique à l’importation d’huile de palme, des ultimes cadeaux faits au lobby de la chasse en passant par le Ceta, la longue liste des petits arrangements et grands renoncements a rythmé l’année ministérielle de Nicolas Hulot. Or, ce dernier a toujours justifié sa présence au sein du gouvernement Philippe par sa volonté tenace de mettre enfin la France sur les rails de la transition écologique.
Nicolas Hulot a constaté, amèrement mais honnêtement, que notre pays a hoqueté, voire régressé, en matière environnementale.
L’utilisation de pesticides continue à augmenter année après année, la biodiversité s’effondre, la part du rail continue sa chute vertigineuse, nos émissions de gaz à effet de serre ont, quant à elles, poursuivi leur sinistre ascension et la part du nucléaire civil demeure inchangée et celle du nucléaire militaire va augmenter de 50%.
Implicitement, le départ du désormais ancien ministre de l’Ecologie révèle la superficialité de l’engagement écologique d’Emmanuel Macron, optant pour une écologie des mots, privilégiant les discours aux actes, espérant que la simple présence de Nicolas Hulot justifierait une politique bien loin de la rupture maintes fois annoncée.
Le symptôme d’une immense incompréhension
Le départ précipité de Nicolas Hulot est l’occasion de requestionner la place du ministre de l’Ecologie dans le dispositif institutionnel. Placé au sommet de l’ordre protocolaire, le ministre de l’Ecologie est sommé de trouver des compromis entre acteurs aux intérêts profondément divergents. Grenelle et autres conférences environnementales n’y ont rien changé. Face au ministère de l’Agriculture, à ceux de l’Economie, de l’Industrie ou de la Défense, face aux lobbies agricoles, nucléaires, à celui du BTP, face à l’orientation libérale du gouvernement Philippe, la marge de manœuvre du ministre de l’Ecologie était étroite, voire inexistante. La notoriété médiatique est insuffisante face aux petits soldats du productivisme, prêts à tout pour préserver leurs acquis. Cette démission est l’occasion de rappeler que l’homme providentiel n’existe pas et qu’un ministre, fût-il déterminé, est et demeure un homme seul. Au regard des tensions que suscite la transition écologique, il est nécessaire de créer et entretenir une mobilisation citoyenne et populaire.
L’heure n’est pas à l’amertume. Au regard des crises écologiques et des menaces qui s’amoncellent, l’urgence commande de ne pas verser dans un défaitisme sans lendemain.
Cette démission est le symptôme d’une immense incompréhension. La transition écologique n’est ni une promenade de santé ni un supplément d’âme pour politiciens sans imagination. Emmanuel Macron aurait tort de mésestimer le symbole que représente cette démission surprise. Faire « comme si » serait la pire des réponses à apporter à Nicolas Hulot. Les crises écologiques qui s’amoncellent n’ont que faire de nos illusions et beaux discours. Ces crises ne disparaîtront pas d’un coup de baguette verte.
L’action n’est plus une option, mais une nécessité
Face aux menaces climatiques, militaires et à l’effondrement des écosystèmes, l’action n’est plus une option mais une nécessité, une urgence, une éthique.
Emmanuel Macron ne peut continuellement aspirer à la synthèse là où nous attendons des choix clairs, ambitieux et pleinement assumés.
En matière écologique, nous ne pouvons plus soutenir l’agriculture biologique et « en même temps » le glyphosate, la sobriété énergétique et « en même temps » le nucléaire, une redynamisation des centres-villes et « en même temps » Europacity et l’artificialisation des terres agricoles, la nécessaire préservation de la biodiversité et « en même temps » la baisse du prix du permis de chasse, la mise en œuvre de la COP21 et « en même temps » la multiplication des projets autoroutiers, les fermes-usines et « en même temps » une agriculture paysanne, le libéralisme et « en même temps » l’écologie.
La démission de Nicolas Hulot est une invitation à changer de cap tout en osant rompre avec la facilité des Trente glorieuses et « cinquante » gaspilleuses. Face aux conservatismes qui s’expriment à tous les niveaux de l’Etat, la démission de Nicolas Hulot appelle un sursaut. Nul doute qu’au lendemain d’une démission qui a tant fait parler, Emmanuel Macron devra faire sien l’aphorisme de Pierre Mendès-France, « gouverner, c’est choisir ».
Les signataires
La Fondation pour la Nature et l’Homme, Agir pour l’environnement, France nature environnement, Générations futures, Les Amis de la Terre, Réseau sortir du nucléaire, Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, Association pour la protection des animaux sauvages, Virage énergies, Société nationale de protection de la nature
L’ASPAS, plus que jamais mobilisée pour la nature et les animaux
Cette démission est une invitation à un sursaut de mobilisation citoyenne. Face notamment au lobby des chasseurs et à ce gouvernement qui les caresse dans le sens du poil et leur offre des « cadeaux », nous devons être forts. L’ASPAS a fait le choix de renoncer à toutes subventions publiques pour garder son indépendance, sa liberté de ton et d’action. C’est uniquement grâce à vous que nous pouvons agir au quotidien, faire respecter et évoluer le droit de l’environnement, peser sur les politiciens qui ne comprennent pas encore l’urgence et l’importance de préserver notre planète et ceux qui y vivent. Votre adhésion à nos côtés est notre meilleure force pour faire entendre la voix des animaux sauvages.
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