Abonné de la première heure, nous guettons tous les les mois la sortie du nouveau numéro de National Geographic. En dehors des articles consacrés à la faune sauvage, nous y trouvons toujours un sujet qui suscite l’intérêt.
C’est encore le cas dans cet opus du mois de janvier, dont la couverture est barrée d’un aguichant « Les promesses de la médecine Chinoise : la tradition à la rescousse de la science ». Nous sommes curieux de voir à travers quel prisme ce sujet sensible va être traité.
Las!, le ton est donné dès l’édito du Rédacteur en Chef : « Saviez-vous que, dès le VIIème siècle, les guérisseurs Chinois utilisaient de la bile d’ours pour soigner les problèmes de foie et les hémorroïdes ? Et qu’aujourd’hui, elle pourrait être utilisée contre les maladies cardiaques ? »
Peut-être, mais à quel prix pour les ours… Etonnement, pas un mot sur le scandale des méthodes de collecte de cette bile.
Vous n’êtes pas sans savoir, Monsieur le rédacteur en chef – puisque votre superbe magazine sensibilise par ailleurs régulièrement et efficacement à la sixième extinction d’espèces en cours – que nombre de « fermes » ont prospéré au Viet-Nam, emprisonnant des ours dans des cages afin d’en extraire la fameuse bile destinée au marché Chinois (fort heureusement ces lieux de torture ferment actuellement les uns après les autres sous la pression d’ONG déterminées).
Choix étonnant donc que d’illustrer votre contenu éditorial par une croyance à l’origine de l’exploitation d’une espèce animale qui paye un lourd tribut à un supposé bienfait médical n’ayant jamais été scientifiquement prouvé.
Et malheureusement la pharmacopée Chinoise n’en est pas à quelques légendes et exterminations près : pénis de tigre, ailerons de requins, cornes de rhinocéros ou écailles de pangolins n’ont en effet jamais provoqué l’érection collective de centaines de millions de mâles de l’Empire du milieu ni fait gagner une taille de bonnet à leurs épouses.
Votre magazine devrait le dénoncer encore et encore, plutôt que de légender votre photo, page 74, par un très politiquement correct « l’utilisation de parties d’animaux freine l’acceptation de la médecine chinoise traditionnelle en Occident ».
Déçu par votre manque d’engagement sur ce sujet, cher magazine.
Philippe Guerlet & Jean-Baptiste Dumond