L’état de siège enfin levé ! Dans nos forêts et campagnes, entre monts et vallées, chaque année autour du 28 février c’est la même sensation de joie et de délivrance pour tous les vrais amoureux de la nature : la fermeture annuelle de la chasse !
Les panneaux « danger chasse en cours » se retrouvent empilés à l’arrière des pick-up, les miradors se vident de leurs bataillons de gilets oranges fluo, les volées de plomb disparaissent de derrière les buissons…
Car s’il n’y a eu « que » 5 morts humains en cette saison de chasse 2018-2019, la presse s’est faite l’écho d’une bonne cinquantaine d’accidents corporels à travers le pays, dont plusieurs gravissimes, ainsi que des centaines « d’incidents », qui, un autre jour, auraient très bien pu allonger la liste mortuaire. Prenez par exemple ce chasseur du Gers, samedi 21 février, qui explose la vitre arrière d’une voiture avec à son bord 3 enfants ! Il visait un sanglier. Ou encore ces surfeurs bretons en octobre 2018, qui ont vu du plomb passer à 50 cm de leurs têtes – les chasseurs tiraient à contre-jour !
Moins de morts mais toujours autant de sentiment d’insécurité
Si beaucoup d’accidents concernent les chasseurs eux-mêmes, des non-chasseurs sont aussi les victimes innocentes de l’inconscience de certains porteurs d’armes qui, rappelons-le, ne sont soumis à aucun contrôle de santé ou test d’alcoolémie pendant l’acte de chasse une fois leur permis en poche. Cette saison, l’accident non-chasseur le plus tragique a été la mort d’un vttiste britannique, en Savoie, le 13 octobre : un drame qui a eu un retentissement international. Les Grand-Bretons, notamment, ont découvert avec stupeur la réalité de la chasse en France – un loisir morbide, soutenu par l’Etat manipulé par un lobbying très puissant, qui continue d’être pratiqué par un peu plus d’un million de personnes dans notre pays.
La mort du vttiste a provoqué une grande vague d’indignation en France, et a eu pour effet de renforcer la vision déjà très négative d’une grande majorité de Français à l’égard de la chasse, d’autant plus que de nombreux nouveaux cadeaux ont été faits aux chasseurs depuis l’élection d’Emmanuel Macron (division par deux du permis national, autorisation des silencieux, etc.)
Le sentiment d’insécurité procuré par la chasse est toujours aussi grand, sinon plus grand encore. La saison précédente avait été marquée, entre autres, par le décès d’une femme dans son propre jardin, victime d’une balle perdue. Cette saison, c’est une petite fille qui a été gravement blessée, alors qu’elle pique-niquait tranquillement en famille en zone urbaine au bord de la Vienne, un dimanche après-midi ! Citons aussi cette frayeur ressentie par les passagers d’un TGV Paris-Nice, à hauteur d’Avignon en décembre dernier, lorsqu’une munition de guerre de type Brenneke, destinée au gros gibier, a traversé une vitre pour venir s’encastrer dans un appui-tête d’un siège heureusement inoccupé !
Nul doute que les chasseurs et les autorités qui les soutiennent se « réjouiront » du faible taux de mortalité liée à la chasse en cette saison 2018-2019, mais c’est toujours 5 morts et 50 accidents corporels de trop, et surtout, c’est oublier les centaines de traumatismes psychiques provoquées par la chasse, avec encore cette année de biens angoissants « faits divers » relayés par la presse, à l’instar de toutes ces balles perdues qui traversent les salons, s’encastrent dans les voitures, et maintenant un TGV !
Fermeture totale de la chasse ? Pas vraiment !
Attention ! Si la chasse à tir ferme à partir du 1er mars, les promeneurs et autres usagers de la nature ne sont toujours pas à l’abri pour les mois à venir… Il faut savoir que les battues administratives et autres destructions de la faune continuent, notamment concernant les sangliers ; les animaux classés « nuisibles » sont quant à eux persécutés toute l’année (attention aux pièges !), les blaireaux peuvent être déterrés dès le mois de mai, les renards ou encore les brocards pourront être tirés dès juin et les oiseaux d’eau dès août…
Le climat d’insécurité et les nuisances liés à la chasse au tir ne se limitent donc pas à la période d’ouverture et de fermeture « générale ». La mise en place de mesures nationales et homogènes s’impose ! Parmi les plus élémentaires, l’instauration d’un contrôle des capacités physiques et psychiques subordonnant la validation annuelle du permis de chasser ; et évidemment, le partage de l’espace avec les autres amateurs de nature.
Partager l’espace pour mieux vivre dans la nature
Depuis notre sondage IFOP ASPAS/One Voice de 2016, ce n’est plus 78 %, mais 81 % des Français qui sont favorables à une trêve de la chasse le dimanche. Un jour qui comptabilise plus de la moitié des accidents de chasse…
Notre pétition « Pour l’arrêt de la chasse le dimanche » qui avait été remise en 2010 à Monsieur Borloo alors ministre de l’Écologie, continue de mobiliser : aux 252 000 déjà remises, plus de 228 000 signatures supplémentaires sont venues renforcer notre demande.
Alors que de plus en plus de scientifiques nous alertent sur l’alarmante disparition des oiseaux, des insectes, et d’un appauvrissement de plus en plus grave de la biodiversité, il est urgent de changer de paradigme en cessant de faire aveuglément confiance à la soi-disante régulation des espèces par les chasseurs, dont les effets sont souvent catastrophiques ! D’autres pays l’ont très bien compris, pourquoi pas la France ?
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