L’agriculture biologique apporte aux abeilles une alimentation diversifiée et surtout régulière, permettant d’atténuer le déclin de ces pollinisateurs. C’est ce qui ressort d’une étude publiée ce mercredi dans le Journal of Applied Ecology. « Nous devons changer de système de production agricole. On peut très bien vivre autrement », explique Jean-François Odoux, chercheur à l’Inra et coauteur des travaux.
Ainsi, en analysant six années de données sur les abeilles domestiques, une équipe de recherche du CNRS, de l’Inra et de La Rochelle Université a démontré, pour la première fois, qu’« à l’échelle du territoire, les abeilles sont sensibles à la présence de l’agriculture biologique ».
Moins de fleurs dans les régions d’agricultures intensives
C’est le cas notamment à la fin du printemps. Le colza fleurit en avril ou en mai et le tournesol bien plus tard, en juillet/août. Entre les deux, les régions d’agricultures intensives manquent cruellement de fleurs et donc de pollens et de nectar indispensables aux abeilles. « Plus la disette est forte plus on aura de mortalité à la sortie de l’hiver suivant », explique Jean-François Odoux. Une mortalité élevée qui, selon l’étude, peut être atténuée par l’agriculture biologique.
« Dans un territoire qui est cultivé en bio, la rotation est plus importante : les cultures sont plus diversifiées et d’avantage étalées dans le temps », souligne le chercheur. Et chez les abeilles, comme chez l’homme, régime alimentaire équilibré rime avec résistance immunitaire.
Plus de flore spontanée pour les abeilles
Par ailleurs, « l’agriculture biologique, du fait de l’absence d’herbicides, a plus de flore spontanée dans ses parcelles en cultures », ajoute Vincent Bretagnolle, chercheur au CNRS, également coauteur de l’étude. Grâce à cette flore spontanée – trop souvent appelée à tort « mauvaises herbes » –, « il y a toujours un petit peu quelque chose pour les abeilles », note Jean-François Odoux.
Et les chiffres de l’étude parlent d’eux-mêmes : dans les colonies entourées de parcelles agricoles biologiques, les chercheurs ont constaté 37 % d’œufs, de larves et de nymphes en plus et 20 % d’abeilles adultes supplémentaires. La production de miel, elle, est double. Pour Jean-François Odoux, c’est tout « le système de production agricole qu’il faut adapter à une consommation raisonnée ». (…)
Source CNRS / 20 mn
Illustration Philippe Guerlet