La vice-présidente de France Nature Environnement Florence Denier-Pasquier revient sur le plan relatif à la gestion de l’eau en France annoncé lundi par le ministre de la Transition écologique.
Alors que le dérèglement climatique fait craindre une multiplication des épisodes de sécheresse et des pénuries d’eau, la France prend les devants. Lundi, les assises de l’eau, pilotées par Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique, ont été clôturées par la présentation d’un «pacte» de 23 mesures visant à mieux gérer le précieux liquide sur le territoire français. «Il faut arrêter de considérer l’eau comme une ressource inépuisable», a déclaré le ministre de la Transition écologique, François de Rugy. Son objectif : faire chuter les prélèvements d’eau de 10% d’ici 2025, et de 25% en quinze ans.
Extension de l’utilisation d’eaux non conventionnelles (eaux usées traitées, eaux de pluie…) dans les situations où l’eau potable n’est pas nécessaire, restauration et préservation des rivières et milieux humides, soutien à l’agriculture biologique et aux pratiques agricoles limitant l’usage de pesticides, possibilité pour les collectivités de faire varier les tarifs en fonction de la consommation et des saisons…Ces mesures prônent un usage plus sobre et plus raisonné de ce qu’on appelle désormais «l’or bleu». Florence Denier-Pasquier, qui a participé à cette concertation, fait néanmoins part de sa déception.
Quelles menaces le dérèglement climatique fait-il peser sur l’accès à l’eau douce en France dans les décennies à venir ?
Nous faisons face à une augmentation de la température globale entre +2 et +5°C suivant les efforts que nous sommes prêts à faire. En France, cela devrait entraîner une baisse de 10% à 40% du débit moyen des cours d’eau. Le mécanisme est simple : l’air est plus chaud donc l’eau s’évapore plus vite. Moins d’eau dans les sols, cela veut aussi dire moins d’eau dans les nappes phréatiques car elles ne se rechargent que lorsque les sols sont saturés d’eau. Et le phénomène s’accélère : la vapeur d’eau est aussi un gaz à effet de serre, qui intensifie le réchauffement climatique. Il faut s’attendre à une plus grande variabilité des précipitations, et à des sécheresses plus longues, qui pourront durer plusieurs années.
Ces tendances sont déjà en route, mais il faut absolument chercher à réduire l’augmentation des températures. Si nous ne changeons rien à la gestion actuelle de l’eau, certaines collectivités pourraient avoir des difficultés pour approvisionner les populations et les territoires. Vu l’ampleur des changements, l’eau pourrait venir à manquer dans des villes. Niort a déjà failli y passer et a dû adapter sa consommation…..
Suite dans Libération du 5 juillet
photo : A la frontière franco-suisse, le lac des Brenets a subi un grave épisode de sécheresse en 2018. Fabrice Coffrini. AFP