Photographes animaliers

Emilie TOURNIER

Attentive au monde qui nous entoure, je suis une photographe curieuse au sens noble du terme. Professionnelle depuis 2015, c’est la nature et particulièrement la faune sauvage que je souhaite sublimer.

Ce monde beau et fragile qui nous entoure est son échappatoire. Je m’en imprègne, et c’est les yeux grands ouverts que j’y plonge comme l’on pourrait s’immerger dans un rêve éveillé. Mais je ne suis pas seulement une photographe à la grande sensibilité, je suis une aventurière, « une baroudeuse », comme on dit dans cette petite branche rustique de la photographie.

Ma quête d’images harmonieuses peut me mener aux fins fonds d’un désert africain comme dans une campagne européenne ou plus simplement dans mon jardin. Je tente de prouver qu’il est possible de se passionner pour un mammifère emblématique des lointaines savanes, pour des oiseaux de nos contrées ou pour un petit insecte… Car « rien n’est minuscule pour qui sait regarder »…

D’une manière plus engagée, je mets en lumière ce qui éveille en moi un intérêt à la fois naturaliste, esthétique et artistique. Derrière chacune de mes photos se cache un message de protection de l’environnement, notamment auprès des jeunes générations. Chaque fois, je montre la beauté animale avec bienveillance et délicatesse pour éveiller nos consciences. En utilisant la photographie comme un média de sensibilisation, j’affirme l’importance de respecter cette Nature sans laquelle nous ne sommes rien. Nous sommes alors invités à nous interroger sur les moyens à mettre en place pour que dans les années à venir, il soit encore possible d’observer et photographier ces animaux à l’état sauvage.

Malgré la pression humaine, la Nature résiste et continue de nous révéler ses incroyables beautés et pouvoirs. Si nous en prenons soin, tout n’est peut-être pas perdu ! J’y croit fermement, alors donnons-nous tous les moyens d’y croire aussi.

 

Entretien avec...

Votre rapport avec la faune

Quel parcours jusqu'à l'animal sauvage et la photographie ?

J’ai grandi à la campagne où la nature était omniprésente. J’ai passé une grande partie de mon enfance autour du lac qu’il y avait près de chez mes parents. C’était pour moi un lieu d’évasion où j’allais dès que possible. Les animaux sauvages sont les habitants de cette Nature. Ils m’ont toujours fascinée. Ils ont le pouvoir de créer des émotions qui restent à jamais graver dans nos cœurs.

La photographie est un moyen de partager ces rencontres mais aussi d’exprimer sa sensibilité, ses émotions. Je ne suis pas issue d’une famille où la photo a une place particulière. Cependant, il semble qu’elle m’ait toujours attirée car il paraît que j’ai fait mes premiers pas pour attraper l’appareil photo de ma tante.

Un maître à penser ? 

Je n’ai pas de maître à penser en particulier mais je m’inspire de toutes les personnes dont les réflexions me semblent clairvoyantes.

Une œuvre marquante ? 

Là aussi je butine, que ce soit en peinture, littérature, musique, sculpture… mes goûts sont larges quoique j’avoue avoir du mal avec tout ce qui est « classique ».

Une belle rencontre / émotion avec la faune ? 

L’été dernier, j’ai eu la chance d’aller à Grand Teton et à Yellowstone avec mon fils et mon mari. Lors de notre 1ère sortie à pieds, nous nous sommes quasiment retrouvés nez à nez avec une femelle ours noir dont les 2 jeunes suivaient quelques mètres derrière. Cette rencontre de nos 2 familles est gravée à tout jamais dans nos mémoires. Mon fils, qui n’avait que 6 ans et demi, a rencontré son 1er animal sauvage potentiellement prédateur dans un cadre plein de sérénité et de confiance. J’espère qu’il continuera de voir la nature avec autant de bienveillance.

Si j'étais un animal sauvage ? 

Un dauphin ou un oiseau pour cette liberté de mouvement que nous, humains, n’avons que très peu finalement à moins d’utiliser des accessoires

Un animal disparu qui reviendrait ?

Le dodo pour son côté si décalé physiquement et surtout pour sa telle confiance qu’il avait même désappris à voler, faute de prédateur.

Un animal fantastique qui existerait ?

Une licorne à queue de castor avec des ailes de dragon pouvant nager à 2 000 mètres de profondeur

Photographie animalière

Votre photo à laquelle vous tenez particulièrement ?

Duo sur dos représente deux jeunes lionceaux mélangeant câlins et jeux sur le dos de leur mère. Ils n’ont pas encore rejoint le reste de la troupe.

Quand leur mère part chasser, ils se retrouvent seuls et sans protection. L’arrivée de leur mère est pour eux un vrai soulagement : ils vont pouvoir manger et être réconfortés. Je trouve que cette photo montre bien ce sentiment que doivent éprouver ces 2 jeunes fauves.

La photo animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?

Une photo d’ours polaire par Patrick Kientz en clair-obscur. Le contrejour ne laisse apparaître que la silhouette de l’animal via un trait fin de lumière, le reste de la photo étant noire. J’adore ce type de photos très graphiques et simples.

Et la technique : frein ou atout ?

C’est un frein tant qu’on y pense. Il faut la maîtriser suffisamment pour l’oublier sur le terrain. Quand on regarde une photo, il est bon de ne pas d’abord si elle est nette, mais surtout d’observer si elle réveille en nous une émotion.

Votre « terrain de jeu » préféré ?

Un peu partout avec une préférence pour soit ce qui est très près comme mon jardin soit des contrées beaucoup plus éloignées comme l’Afrique ou les grandes plaines d’Amérique du nord. Il m’est quand même plus facile d’aller dans mon jardin !

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?

Je rêve des contrées australiennes et néo-zélandaise où la nature, coupée du reste du monde, a créé des animaux tellement atypiques. J’adore comprendre les stratégies d’évolution des espèces en fonction de leurs biotopes. Cette zone du monde semble être une réserve inépuisable de créations naturelles.

Des conseils ? 

Ne prenez rien comme absolu. Il n’y a rien qui marche à 100 %, dans la photo comme ailleurs. Picorez les astuces, essayez de prendre du recul pour faire votre propre puzzle tant qu’il est cohérent. Soyez à l’écoute de votre sensibilité, écoutez les autres mais n’écoutez que vous-même ! Et surtout soyez curieux.

Biodiversité

Des urgences ? (climat, déforestation, braconnage…)

Il y en a malheureusement tellement.

Je crois que la véritable solution passe par l’information et l’éducation notamment des enfants.

Malheureusement, cette solution met du temps à montrer ses effets mais c’est la plus durable.

J’espère juste que les dégâts ne seront pas trop importants d’ici une réelle prise de conscience collective.

Une association de protection à mettre en avant ?

Il est difficile de n’en retenir qu’une car leurs actions sont très souvent complémentaires.

Certaines (comme Kalaweit) agissent plus localement sur des thématiques précises et ont une action de terrain.

D’autres (comme Ifaw) agissent de manière plus large et plus globale sur des thématiques plus variées. Par ailleurs, je pense que les associations qui luttent contre la pauvreté et pour l’éduction protègent indirectement l’environnement car qui peut blâmer quelqu’un qui meure de faim de braconner certaines espèces protégées ?

Je tiens à souligner le travail fait par la toute jeune association Troisième planète qui regroupe des photographes animaliers et qui mène des actions auprès des jeunes afin de les sensibiliser à la protection de l’environnement.

Une suggestion pour sensibiliser le grand-public ?

Parler avec les enfants, être curieux, se poser des questions, débattre, essayer de voir plus loin que la première impression afin d’appréhender la complexité de certaines situations.

Plutôt optimiste ou pessimiste pour la suite ?

J’interviens régulièrement en milieu scolaire pour discuter d’animaux et d’environnement.

Certains enfants me laissent avoir de l’espoir car ils ont envie de faire évoluer les choses dans le bon sens.

Malheureusement, je vois aussi certains enfants dont l’entourage n’est absolument pas sensibilisé à ces problématiques. Ils participent donc aussi à cette course à la consommation.

Mon optimisme et mon pessimiste se succèdent en fonction des rencontres faites.

Je crains malheureusement que l’espèce humaine s’en sortira au prix de très nombreuses souffrances pour les humains mais aussi de nombreuses disparitions d’espèces de la faune et de la flore.

Pour conclure ?

La photographie animalière est une pratique en regroupant des dizaines. Elle a ce grand avantage que chacun peut y trouver sa propre façon de faire, le plus compliqué étant souvent de pouvoir dégager le temps nécessaire pour pratiquer.

 

 

 

Distinctions & Parutions

Expositions

EN LIEN AVEC LE SUJET

LIVRE (S) EN LIEN AVEC LE SUJET :

En rapport avec :

Pages personnelles