D’ici à 2070, 95 % de l’habitat de cette espèce pourrait être détruits, selon une nouvelle étude scientifique publiée dans « Nature Climate Change ».
Au moins deux types de lémuriens, espèces emblématiques de Madagascar menacées par la déforestation, pourraient voir plus de 90 % de leur habitat disparaître d’ici à cinquante ans en intégrant les effets du réchauffement climatique, alerte une étude publiée lundi 23 décembre, dans la revue Nature Climate Change.
L’île de l’océan Indien au large de l’Afrique de l’Est est considérée comme un lieu ressource abritant 5 % de la biodiversité mondiale. Et les lémuriens, primates arboricoles reconnaissables à leur museau pointu et à leur longue queue, uniquement présents à Madagascar, en sont devenus le symbole… notamment depuis le succès des films du même nom.
Parmi ces espèces, une équipe de scientifiques a étudié l’habitat du vari noir et blanc et du vari roux (Varecia variegata et Varecia rubra), toutes deux déjà classées en danger critique, à l’instar de nombre d’autres lémuriens, 96 % des espèces étant classées plus ou moins fortement menacées.
« Effets en cascades »
Ils ont d’abord modélisé l’évolution de la couverture forestière selon différents scénarios de déforestation – interdiction stricte ou non de toute coupe dans les zones protégées – alors que la Grande Ile a déjà perdu 44 % de sa couverture forestière depuis les années 1950.
Ils ont également évalué l’impact du réchauffement climatique sur la forêt, là encore selon différents scénarios de poursuite des émissions de gaz à effet de serre.
A partir de ces données, ils ont évalué les zones qui resteraient habitables par les varis, avec une hypothèse catastrophe où la combinaison des pires scénarios pourrait entraîner une chute dramatique de 95 % des zones habitables d’ici 2070.
La seule déforestation pourrait réduire leur habitat de 30 % dans l’hypothèse d’une protection « stricte » de la forêt, ou du double si la protection est « relâchée ». Les effets du changement climatique pourraient le réduire de 14 % à 75 % selon les hypothèses.
Or la disparition de ces lémuriens, « extrêmement sensibles à une dégradation de leur habitat », « aurait probablement des effets en cascade sur la structure et l’intégrité de la forêt restante », puisqu’ils ont un rôle clé dans la reproduction de plusieurs types d’espèces végétales, avertissent les auteurs.
Le Monde/25 décembre