Lire, écrire... et dessiner
Voici le trésor à trois faces à faire fructifier, que devrait posséder dans ses bagages tout adolescent quittant l’école. Le dessin ne se limite pas au rôle de supplétif, même valorisant, du texte. Bien souvent, il permet de comprendre le propos trop dense ou trop technique. Il permet également de mettre en relief les temps forts d’une situation. Enfin, il répond, avec d’autres intervenants comme les objets et les végétaux, à un besoin que ne peuvent satisfaire la lecture ou l’écriture : celui de donner vie, voire une certaine beauté, à des espaces intérieurs ou extérieurs, aujourd’hui condamnés à la froideur du béton ou à la monotonie de posters reproduits à des milliers d’exemplaires. Doté de toutes ses vertus, apaisantes ou provocantes, le dessin devient un canal essentiel entre individus, un déclencheur d’émotions, et parfois même une thérapie.
En héritant des gènes artistiques de mes ainés, je n’ai pas eu de difficultés à m’approprier une parcelle du fameux trésor. Dans la famille, tout le monde dessine, peu importe la qualité du trait. Pendant de nombreuses années, l’utilisation de ce sésame fut confisquée par mon activité professionnelle. Dans un premier temps d’initiation, pour la mémorisation des différentes pièces du puzzle de l’anatomie du corps humain ; dans un second temps, celui de l’exercice, le dessin est devenu un outil essentiel, pour expliquer à mes patients la localisation, l’extension de leur affection mais aussi, les mécanismes d’action possible pour obtenir la guérison ou au moins, en limiter le développement.
Dans les années 80-90, le dessin s’est à nouveau incrusté dans ma nouvelle lubie : l’écriture. L’écriture à la mémoire d’un « Géant gris », un éléphant d’Afrique centrale qui a croisé mon parcours extra-professionnel dans les années 70, au siècle dernier. Après une trentaine d’années de quête et de tri d’informations sur ses congénères, je me suis lancé dans une importante trilogie, originale dans l’approche des pachydermes, et également par le modèle de livre emprunté, pour être en phase avec le thème et l’époque… Ce modèle, c’est celui des bouquins qui garnissaient la bibliothèque de mon grand-père, et qui ont été de fidèles compagnons dans les tristes années de l’après-guerre. C’étaient, de vrais bouquins qu’on aime tenir en main, des bouquins qui pèsent, qu’on ne peut pas lire sur la plage ou dans le RER, truffés d’illustrations qui font rêver, et découvrir le monde et son histoire rocambolesque, à travers une multitude d’anecdotes. Les illustrations réalistes, et parfois naïves, sont un des piliers essentiels du modèle imposé.
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