Vous vous souveniez peut-être de son portrait de Bob le flamant rose écolo, de son travail sur les cigognes à travers l’Europe… C’est sa série parue dans National Geographic sur les macaques japonais que la Société allemande de photographie de la nature (Gesellschaft für Naturfotografie - GDT) a décidé de couronner, ce jeudi 22 octobre, faisant de lui ZE European wildlife photographer of the year. Lui, le Néerlandais Jasper Doest, poids lourd des concours et de la conservation de la faune sauvage.
Sur le cliché gagnant, deux singes des neiges apparaissent masqués. Rien à voir avec le coronavirus, ils sont réduits à faire des tours avec divers accessoires pour distraire les clients d’une "taverne de saké", au nord de Tokyo. "Autrefois, cet animal était un symbole religieux sacré, connu pour servir de médiateur entre les dieux et les humains. Aujourd'hui, il est devenu un bouc émissaire, un paria défiguré et une cible de moquerie", précise un communiqué.
Des manchots royaux, des lynx ibériques, des geais de Sibérie…
Pour le photographe espagnol Angel Fitor, membre du jury de cette compétition européenne qui existe depuis 2001, cette image est le meilleur miroir de notre époque : "Un macaque sur scène enlève son masque devant une fausse forêt. Alors que le masque tombe, le mur d'arrogance que nous avons construit entre la nature et nous au cours des siècles s'effondre brutalement. Jamais auparavant le portrait d'un animal ne nous a reflétés comme cela : un singe nu derrière un masque humain."
Au total, des photographes de 38 pays ont soumis plus de 19 000 clichés dans le cadre de ce concours, cousin européen du prestigieux Wildlife photographer of the year. Parmi les prises de vue distinguées par le jury (dont les délibérations ont dû se tenir en visio en raison de la crise sanitaire) : des manchots royaux, un éléphant, un gorille, un lynx ibérique, des geais de Sibérie… et des animaux privés d'aller et venir librement entre le Mexique et les Etats-Unis. En cause : le mur voulu par Donald Trump qui scinde et fragilise des écosystèmes déjà mal en point. Lynx, grands géocoucous et lièvres sauvages souffrent, eux aussi, de cette séparation.
Texte : GEO