Pour protéger les cocottes des chasseurs, un projet d’arrêté soumis à consultation publique jusqu’au 18 juillet prévoit la « destruction de renards (…) en tout temps, y compris la nuit, et par tout moyen », sur 124 communes du Cher, et ce jusqu’au 25 septembre 2021 !
Le renard, qui figure déjà sur la liste des animaux considérés comme « nuisibles » dans ce département (comme presque partout en France…), risque donc de subir un acharnement supplémentaire, si jamais l’arrêté était adopté…
L’ASPAS, qui étudie la possibilité d’une action en justice, vous invite à vous opposer en masse à ce projet mortifère, en envoyant vos observations à ddt-contribution-environnementale@cher.gouv.fr avant le 18 juillet ! Votre message doit être argumenté et personnel – évitez les copier-coller. Vous habitez le département du Cher ? C’est encore mieux, n’oubliez pas de le préciser !
Pour consulter la note de présentation du projet d’arrêté, c’est ici.
Quelques réflexions pour vous aider à formuler vos réponses :
Si les chasseurs détestent à ce point les renards, c’est parce qu’ils les accusent de perturber leur funeste divertissement, celui qui consiste à prendre du plaisir à tirer sur des petits animaux (lapins, lièvres, faisans, perdrix…), souvent issus d’élevages. C’est en effet lorsqu’il y a des plans de « repeuplement de gibier » que les petits prédateurs ont le plus de soucis à se faire : les animaux élevés en captivité, habitués à être nourris par l’homme, ne sont pas adaptés à la vie sauvage lorsque les chasseurs les relâchent dans la nature… Pour optimiser leurs chances de survie, les chasseurs-piégeurs font ainsi un « nettoyage » de tout ce qui pourrait entraver leur divertissement.
Au nom de quel principe moral les chasseurs auraient-ils droit de vie et de mort sur la faune sauvage ? De plus, autoriser ces abattages c’est priver le reste de la population d’un droit à la contemplation. La contemplation d’une nature… vivante. Le plaisir du promeneur, ému de croiser la route de goupil en lisière d’un bois. Le plaisir d’un photographe, ravi de pouvoir assister à une séance de mulotage sur une prairie fraîchement fauchée.
La note de présentation du projet d’arrêté nous apprend que près de 10 000 renards ont été tués dans le seul département du Cher lors de la saison de chasse 2019-2020 (par tir, déterrage et piégeage) … Par chance pour l’espèce, le renard parvient toujours à compenser ces pertes par des mouvements de populations et des portées plus importantes. Le renard est un animal territorial qui s’autorégule : un territoire libéré sera très vite occupé par un nouvel individu. A moins d’exterminer la totalité de la population, le renard trouvera toujours le moyen d’occuper de nouveau des espaces vacants. D’ailleurs, les chasseurs eux-mêmes commencent à comprendre que la pression de chasse ne fait pas diminuer les populations (lire à ce propos le Chasseur Français de juin 2021) !
Autoriser ces « destructions » supplémentaires de renards dans le Cher est non seulement inutile, mais il s’agit aussi un non-sens écologique : si les chasseurs accusent les renards de voler « leur » petit gibier, les agriculteurs, eux, sont bien contents de bénéficier d’un dératiseur naturel ! On estime en effet qu’un seul renard peut chasser jusqu’à 6000 campagnols par an, de petits rongeurs susceptibles de détruire récoltes et herbages.
Le renard joue également un rôle sanitaire : volontiers charognard, il participe à l’élimination des animaux malades et des cadavres, évitant ainsi la propagation d’épidémies. De plus, une étude* a démontré que goupil freine l’expansion de la borréliose de Lyme en chassant les rongeurs qui transportent les tiques vectrices cette maladie.
Goupil compte sur votre participation à cette consultation – merci à vous !
* Levi et al., 2012
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