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« La panthère des neiges », le nouveau film de Vicent Munier et Marie Amiguet, sortie le 15 décembre

Au cœur des hauts plateaux tibétains, le photographe Vincent Munier entraîne l’écrivain Sylvain Tesson dans sa quête de la panthère des neiges.
Il l’initie à l’art délicat de l’affût, à la lecture des traces et à la patience nécessaire pour entrevoir les bêtes. En parcourant les sommets habités par des présences invisibles, les deux hommes tissent un dialogue sur notre place parmi les êtres vivants et célèbrent la beauté du monde.

La bande annonce : ICI

Vincent Munier et Sylvain Tesson

Avant-première Paris, 27/11/2021 : Marie Amiguet, Vincent Munier, Sylvain Tesson

Interview de Marie Amiguet, co-réalisatrice du film (source : festival de Ménigoute 2021)

Marie Amiguet : « J’aime faire du cinéma animalier en m’attachant à des personnages »

Diffusées en avant-première au Festival de Ménigoute en 2018, les images du documentaire La Part des bêtes, de Marie Amiguet et Vincent Munier, ont été complétées et le récit remanié pour devenir un film de cinéma, La Panthère des neiges, en salle le 15 décembre. Retour sur cette aventure cinématographique hors norme, qui saisit avant tout la quête de deux personnalités exceptionnelles : un photographe animalier taiseux, Vincent Munier, et un écrivain voyageur volubile et médiatique, Sylvain Tesson.

• Entre le documentaire La Part des bêtes, que vous avez présenté au Festival de Ménigoute en 2018, et La Panthère des neiges, qui sera à l’affiche le 15 décembre, trois ans se sont écoulés. Aviez-vous imaginé une telle trajectoire pour ce film ?
Pas le moins du monde, même si Vincent avait des aspirations pour qu’il soit partagé largement. La première version que constituait La Part des bêtes a intéressé des producteurs avec qui nous avons osé « partir », considérant que nous serions plus libres au cinéma qu’à la télé. Et Vincent s’est positionné comme coproducteur et coréalisateur. Nous sommes donc repartis en tournage trois semaines en septembre 2019 pour filmer des scènes supplémentaires. Sylvain Tesson, qui était accaparé par la promotion de l’ouvrage* issu de notre précédent voyage, nous a rejoints une dizaine de jours.

• Comment avez-vous retravaillé votre matière première ?
Ce fut un exercice très difficile. J’ai mis trois mois à comprendre qu’il fallait déconstruire le film. Impossible d’y insérer de nouvelles séquences sans compromettre l'équilibre ! J’étais plutôt focalisée sur le récit et les dialogues et Vincent était attaché à un rythme plus lent, à la présence d’images poétiques, contemplatives, esthétiques. Nous avons fini par solliciter un monteur avec lequel nous n’avons pas poursuivi. Le premier confinement est arrivé et j’ai fait une sorte de burn out sévère qui m’a conduite à l’hôpital. Puis nous nous sommes remis au travail avec l’aide de Léo-Pol Jacquot, assistant-réalisateur. Ce fut laborieux, nous rencontrions beaucoup de soucis techniques et « notre ours » (une version de 2 heures) ne comblait pas notre niveau d'exigence sans que nous comprenions comment résoudre les problèmes. Nous avons donc décidé de faire appel à Vincent Schmitt, que nous avions rencontré au festival d'Autrans. Il avait travaillé sur Océan, de Jacques Perrin, et était réputé pour « sauver des films » ! Il nous a apporté son regard neuf qui nous manquait pour faire les bons choix. Nous avons réécrit le film en trois jours avec des Post-Its sur une base dramaturgique, ce qui a donné un nouvel élan au film. En dix jours nous tenions notre nouvelle structure. Il s’est de fait passé trois ans entre les deux projets !

• Entre votre master à l’École de cinéma animalier de Ménigoute (Iffcam), de 2011 à 2013, et la sortie en salle de ce film avec Sylvain Tesson, qui a été sélectionné à Cannes, quel regard portez-vous sur ce début de carrière prometteur ?
Je ne me suis jamais vraiment projetée, encore moins sur des projets d’une telle envergure. Je picore, je saisis des opportunités au vol, je me lance corps et âme dans tout ce qui me motive. Maintenant que ça m’arrive, je trouve ça normal ! J'aime bien cette phrase du romancier Erri De Luca « La grandeur des exploits consiste à avoir tout autre chose en tête ». Dans la naïveté, il y a sûrement plus d'audace. Partir au Tibet avec Vincent et Sylvain Tesson, c’était déjà tellement énorme ! En acquérant des compétences à l’Iffcam, je voulais que mes films servent des messages qui me tiennent à cœur. Je me suis d'abord lancée dans un documentaire sur les chauves-souris, Les Ailes du maquis, que j’ai réalisé avec Tanguy Stoecklé, qui a été présenté à Ménigoute en 2018. En parallèle de ce projet, j’avais proposé à Jean-Michel Bertrand de lui donner un coup de main sur La Vallée des loups. Je lui suis reconnaissante pour sa confiance, qui m’a ouvert les portes du cinéma et donné de la crédibilité. C’est à la suite de ce film que Vincent m’a sollicitée pour le Tibet. On peut dire que La Panthère des neiges, malgré les vicissitudes, a bénéficié d’un bon alignement des planètes : c’est parce que le Festival de Cannes a été décalé en juillet que le film a été sélectionné (hors compétition) dans la catégorie Cinéma pour le climat avec six autres films.

• Plus que de l’animalier pur, vos films semblent saisir une quête. Est-ce un hasard ?
En partie. J’avais proposé mon aide à Jean-Michel Bertrand au début du projet de La Vallée des loups, car j’habitais près de chez lui. Je l'ai aidé à filmer pour monter un teaser, lorsqu'il cherchait un producteur. J’ai aussi filmé Yannick Cherel dans Les oiseaux, la vase et moi et l'ai aidé à monter son film.
Peut-être que j’ai été cataloguée ! J’aime faire de l’animalier en m’attachant à des personnages humains passionnés. Il y a une barrière technique qui me gêne quand je filme les animaux et qui fait que je ne profite pas pleinement du spectacle. C’est peut-être le compromis que j’ai trouvé…

• Quels sont vos projets ?
Pour l’instant, j’ai envie de savourer l’après, de « digérer » le film, même si j’ai tendance à ne voir que ses défauts lors des présentations en avant-première ! Je suis contente car il semble « qu'il fait du bien ». Mais j’aspire à me poser et à ralentir. Désormais, c’est plutôt l’écriture d’un livre qui m’attire et l'apprentissage de l'autonomie, du jardin. On a tant à faire pour affronter l'avenir… Certaines personnes me disent que « ma carrière est lancée », c'est le genre de phrase qui me fait fuir ailleurs.

Propos recueillis par Catherine Levesque-Lecointre.

* La Panthère des neiges, éditions Gallimard, Prix Renaudot 2019.

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