Le 19 février 2022 a eu lieu la journée internationale de la baleine.
Depuis des années, la protection de ce mammifère marin est devenue une priorité. Et justement, un nouvel outil vient d’être dévoilé par des scientifiques pour mieux comprendre et aider les différentes espèces : la création d’une carte montrant les « autoroutes » (ou couloirs bleus) qu’elles utilisent lors de leur migration. Le projet a été baptisé « Protecting Blue Corridors« .
Une carte sur la migration des baleines
Ce sont plus de 50 groupes de recherche, avec notamment des scientifiques marins de l’Oregon State University, de l’Université de Californie à Santa Cruz, de l’Université de Southampton, et le WWF qui ont collaboré. Ils se sont servis de 30 ans de données scientifiques et de données satellites pour étudier les trajets empruntés par plus de 850 baleines migratrices.
La carte met également en avant les menaces auxquelles ces mammifères sont confrontés dans tous les océans. Elle montre ainsi comment les impacts cumulés de la pêche industrielle, des collisions avec les navires, de la pollution, de la perte d’habitat et du changement climatique créent une course d’obstacles dangereuse et parfois mortelle pour les baleines.
« Les impacts cumulatifs des activités humaines – y compris la pêche industrielle, les collisions avec les navires, la pollution chimique, plastique et sonore, la perte d’habitat et le changement climatique – créent une course d’obstacles dangereuse et parfois mortelle, a déclaré dans un communiqué Chris Johnson, responsable mondial de la conservation des baleines et des dauphins au WWF. Le plus meurtrier est de loin l’enchevêtrement dans les engins de pêche – tuant environ 300 000 baleines, dauphins et marsouins chaque année. Pire encore, cela se passe de l’Arctique à l’Antarctique. »
Les scientifiques indiquent que malgré des mesures de protection et l’arrêt de la chasse commerciale, les populations de baleines diminuent. Ce sont ainsi six des 13 espèces de grandes baleines qui sont désormais classées comme menacées ou vulnérables par l’UICN.
La baleine noire, en danger critique d’extinction
C’est notamment le cas de la baleine noire de l’Atlantique Nord, une espèce en danger critique d’extinction, qui migre entre le Canada et les États-Unis. La population de cette espèce est à son point le plus bas depuis 20 ans, avec seulement 336 individus. Et pour cause, entre 2017 et 2021, 34 d’entre elles sont mortes au large des côtes à la suite de collisions avec des navires et d’enchevêtrements dans des engins de pêche.
D’après les données scientifiques, 86% des baleines noires identifiées ont été prises dans des engins de pêche au moins une fois dans leur vie. Or, comme le rappelle l’étude, « un seul décès met en péril la survie de cette population ».
Les auteurs de l’étude espèrent que leur rapport permettra de faire changer les choses, avec la mise en place de nouvelles mesures. « Ce rapport fournit un guide visuel basé sur la science pour aider à prendre des décisions efficaces, visant à créer des réseaux d’aires marines protégées afin de garantir que les baleines aient toutes les chances de prospérer », a déclaré le Dr Ari Friedlaender, écologiste des baleines de l’Université de Californie Santa Cruz.
De son côté, le Dr Margaret Kinnard, responsable mondial de la pratique de la faune sauvage au WWF, a affirmé que « ce rapport souligne la nécessité d’une action rapide et concertée et de l’investissement des ressources des gouvernements nationaux, des organismes internationaux, des communautés locales, de l’industrie et des groupes de conservation comme le WWF pour arrêter cet assaut sous-marin contre les baleines et protéger ces corridors bleus critiques ».
Alors qu’elles disparaissent, les baleines jouent pourtant un rôle essentiel dans le maintien de la santé des océans et du climat mondial. Une baleine capture ainsi la même quantité de carbone que des milliers d’arbres. Le Fonds monétaire international estime la valeur d’une seule grande baleine à plus de 2 millions de dollars américains, ce qui représente plus de 1 000 milliards de dollars américains pour la population mondiale actuelle de grandes baleines.
Source GEO