Après 5 mois de consultation, la Commission Nationale du Débat Public a rendu hier ses conclusions sur le projet éolien offshore au large de l’île d’Oléron. Sans proposer son abandon, ses recommandations invitent toutefois les pouvoirs publics à reconsidérer la zone d’implantation du parc éolien.
En raison d’enjeux socio-économiques forts et de la richesse écologique de la zone retenue, la mobilisation du public a été la plus importante à ce jour pour un débat sur un projet éolien en mer. Il a notamment questionné la pertinence de la zone envisagée, de nombreux acteurs considérant que la capacité de l’environnement à accueillir de telles infrastructures devait être, dès la phase de planification, l’un des principaux paramètres du choix d’une zone d’implantation.
Dans son rapport, la CNDP a dans un premier temps relevé une insuffisance des connaissances sur les impacts potentiels de l’éolien en mer sur les écosystèmes. C’est la raison pour laquelle elle demande à ce que soient évitées les zones écologiquement les plus sensibles et que l’implantation définitive du parc soit « concertée avec les publics au regard des études environnementales [qui seront] acquises », sans exclure alors la possibilité de réexamen de la localisation des éoliennes.
Selon la Commission : « aucun consentement, même sous de sévères conditions touchant l’environnement et la pêche, n’est envisageable dans la zone d’étude initiale de 300 km2, voire dans la zone élargie, et inenvisageable dans la zone du Parc Naturel Marin ».
Prochaine étape : la maîtrise d’ouvrage (l’Etat) aura jusqu’au 28 Juillet 2022 pour rendre sa décision et donner sa réponse.
La LPO mobilisée
Cet avant-projet a réussi à réunir contre lui tous les acteurs locaux, des élus aux professionnels du tourisme, des pêcheurs aux associations de protection de la biodiversité.
La LPO s’est beaucoup investie en opposition à ce projet, notamment par différentes interventions publiques et la transmission d’un cahier d’acteurdétaillant nos arguments. Nous saluons la recommandation formulée par la CPDP que soit menée une réflexion sur l’application de la séquence Eviter-Réduire-Compenser (ERC) aux problèmes particuliers qui se posent en mer, ainsi que la demande de « moyens humains et budgétaires [qui soient] à la hauteur des enjeux » de biodiversité.
La LPO reste dans le même temps mobilisée afin que seuls voient le jour des projets d’énergies renouvelables faisant l’objet d’une démarche ERC rigoureuse, localisés en dehors de tout espaces sensibles, et donc de toute zone bénéficiant d’une protection environnementale au titre d’espèces ou habitats protégés par la loi française.
Les conclusions de la CNDP laissent espérer que s’ouvre une nouvelle ère dans la gouvernance de ces projets éoliens, avec une meilleure prise en compte des enjeux et des attentes sociétales en matière de protection de la biodiversité.
Pour Dominique Chevillon, Vice-Président de la LPO : « Il est complétement incohérent de vouloir d’un côté protéger cette zone pour sa richesse écologique, et de l’autre y construire de telles infrastructures. La LPO est favorable à la transition énergétique, mais nous considérons que celle-ci ne doit pas se faire au détriment de la biodiversité car le maintien des écosystèmes dans un bon état de conservation reste un levier fondamental de la lutte contre le changement climatique. »