Selon une récente étude, la pollution sonore générée par les activités minières sous-marines pourrait se répandre jusqu’à 500 km au travers des océans, affectant ainsi les animaux marins.
Inaudible par l’oreille humaine, la pollution sonore des océans est devenue l’un des dangers les plus mortels pour les animaux marins et la santé de l’océan. Une problématique qui reste ignorée du grand public. Or une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans la revue Science examine la pollution sonore sous-marine générée par les opérations minières des fonds marins, qui pourrait affecter les espèces qui vivent dans les profondeurs marines, le plus grand habitat sur Terre.
« Aucun endroit dans l’océan n’est exempt d’impact sonore »
L’étude menée par des scientifiques de l’ONG Oceans Initiative, de l’Institut national des sciences et technologies industrielles avancées (AIST) au Japon, de l’Université Curtin en Australie et de l’Université d’Hawaï – et financée par le Pew Charitable Trusts – a révélé que le bruit généré par une seule mine sous-marine pouvait parcourir environ 500 kilomètres dans des conditions météorologiques clémentes.
Craig Smith, co-auteur de l’étude et professeur émérite d’océanographie à l’Université d’Hawaï, et cité par The Guardian, a déclaré : « Nos modèles suggèrent qu’aucun endroit dans l’océan […] n’est exempt d’impact sonore. » Et de poursuivre en expliquant que « si notre modélisation est correcte, cela pourrait nécessiter de repenser entièrement les réglementations environnementales, de sorte que les activités soient plus espacées ».
La pollution sonore sous-marine, un sujet peu étudié
Bien que les sociétés minières testent déjà des prototypes à plus petite échelle de systèmes miniers en haute mer, elles n’ont pas encore partagé leurs données sur la pollution sonore sous-marine. L’article de Science a donc dû utiliser les niveaux de bruit d’activités industrielles mieux étudiées, telles que les navires de l’industrie pétrolière et gazière et les dragues côtières.
Les niveaux de bruit réels de l’exploitation minière en haute mer peuvent varier une fois les données disponibles, mais, selon Andrew Friedman, directeur du projet d’exploitation minière des fonds marins au Pew Charitable Trusts, ils sont plus susceptibles d’être supérieurs aux données indirectes, car l’équipement minier réel des fonds marins est beaucoup plus grand et plus puissant que ceux utilisés en surface. « Les chiffres de l’étude sont probablement des estimations prudentes », a-t-il affirmé.
Commentant les résultats de l’étude, Christine Erbe, professeure à l’Université Curtin, a déclaré : « Estimer le bruit des futurs équipements et installations est un défi, mais nous n’avons pas besoin d’attendre que les premières mines soient opérationnelles pour découvrir le bruit qu’elles font. En identifiant le niveau de bruit dans la phase de conception technique, nous pouvons mieux nous préparer à l’impact que cela pourrait avoir sur la vie marine. »
Les animaux marins menacés par les activités humaines
La pollution sonore sous-marine provient des activités humaines comme la navigation commerciale, la prospection sismique, pétrolière et gazière et les sonars militaires. Tous ces bruits constituent une menace grave pour la vie marine. Cette pollution sonore impacte une large variété d’espèces marines, on ne parle pas seulement des baleines et des dauphins. Cela concerne toutes les espèces marines. Le bruit des océans change radicalement le comportement des animaux.
En effet, cette pollution leur crée du stress et les fait fuir de leur habitat. Elle réduit la capacité des animaux à communiquer, naviguer, localiser des proies, éviter les prédateurs et trouver des partenaires. L’ensemble des aspects de la vie d’un animal est affecté par le bruit sous-marin produit par les humains. Dans le pire des cas, cela peut conduire à des blessures physiques et même à la mort de l’animal à la suite d’un impact long et bruyant.
Une pollution qui ne cesse d’augmenter
Plusieurs études récentes ont montré que le bruit marin lié au trafic maritime ne cessait d’augmenter. De 1950 à 2000, le bruit basse-fréquence a doublé tous les 10 ans. La cause est liée au nombre de bateaux qui a triplé avec un tonnage de plus en plus important. Malheureusement, il n’existe actuellement aucune réglementation internationale sur la pollution sonore des océans.
Selon l’ONG Fonds international pour la protection des animaux (IFAW en anglais), la solution la plus efficace pour réduire le bruit est d’appliquer des réductions de vitesse pour les navires parce que cela permet non seulement de réduire le bruit qu’ils créent, mais également leurs émissions de gaz à effet de serre ainsi que les risques de collisions avec les baleines. L’ONG préconise également de réguler les activités minières dans les océans afin de mieux répartir leurs activités et ainsi diminuer les pollutions sonores générées par leurs activités.
Source : GEO/8 juillet 2022