Ce 12 juillet 2022, BLOOM et les pêcheurs côtiers du Nord de la France ont arraché de justesse (12 voix contre 11) le vote interdisant la senne démersale – une méthode de pêche dévastatrice – dans les eaux territoriales françaises de la Manche.
Les députés de la Commission de la Pêche du Parlement européen viennent de se prononcer sur l’amendement déposé par la députée EELV Mme Caroline Roose visant à interdire la senne démersale dans les eaux territoriales françaises. Jusqu’au dernier moment, BLOOM et les pêcheurs des Hauts-de-France et de Normandie ont mobilisé les députés, car certains élus défendant la pêche côtière étaient absents en ce 12 juillet. « En temps normal, l’écart aurait dû être plus creusé » explique Laetitia Bisiaux qui a mené la campagne avec les pêcheurs. « C’est donc un soulagement que l’interdiction ait été adoptée et ce, malgré la mobilisation des fidèles alliés des grands lobbies de la pêche industrielle qui sont surreprésentés en Commission de la Pêche », ajoute-t-elle.
La senne démersale est une technique de pêche apparentée au chalutage de fond. Elle a été développée à la fin des années 2000 par l’industrie néerlandaise qui a commencé à l’utiliser dans La Manche. La senne démersale est si dévastatrice pour les écosystèmes marins et les populations de poissons que les pêcheurs français qui s’y sont convertis – afin de rester compétitifs – sont aujourd’hui les premiers à en réclamer l’interdiction.
Depuis plus de 10 ans, les pêcheurs côtiers tirent la sonnette d’alarme à propos des impacts de cette méthode de pêche mais se heurtent à l’indifférence totale des pouvoirs publics. Face à ce fléau social et environnemental menaçant l’avenir immédiat des pêcheurs côtiers, BLOOM a proposé à Caroline Roose un amendement d’interdiction afin que le Parlement européen prenne les mesures urgentes qui s’imposent. C’est désormais chose faite. « Les eurodéputés ont été alertés des impacts destructeurs de la senne démersale par des pêcheurs qui pratiquent eux-mêmes cette technique. Les députés ont entendu les alertes qui ont longtemps été ignorées. C’est un jour très important pour l’océan et pour les communautés de pêcheurs côtiers » souligne Laetitia Bisiaux.
Le rapporteur du texte¹ le député LREM / RENEW M. Pierre Karleskind, a demandé et obtenu un « mandat » lui permettant de commencer directement les négociations de « trilogue » sans passer par un vote en plénière du Parlement européen.
C’est à M. Karleskind que revient désormais la responsabilité de défendre la position adoptée par le Parlement européen lors des négociations de Trilogue entre le Conseil (les États membres), la Commission européenne et le Parlement européen. Ces trois institutions devront trouver un compromis d’ici la fin de l’année 2022 car l’un des enjeux de ce règlement est la prolongation de la Politique commune de la pêche qui expirera le 31 décembre 2022. Sans accord en Trilogue sur le règlement, il n’y aurait donc plus de régulation de la pêche ce qui laisserait les eaux de l’Union européenne en libre accès.
Pour aller plus loin
- Tout savoir sur la senne démersale, la nouvelle ‘pêche technologique’ des industriels Néerlandais ici
- Retrouvez notre communiqué annonçant le vote ici
- Découvrez la manifestation inédite des pêcheurs français et anglais pour demander l’interdiction de la senne démersale en Manche ici.
[1] Règlement qui modifie le Règlement 2013/1380 : https://oeil.secure.europarl.
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