Publié tous les quatre ans par BirdLife International, dont la LPO est le représentant en France, le dernier rapport sur l’état mondial des populations d’oiseaux brosse le tableau le plus préoccupant à ce jour de l’avenir des espèces aviaires et, par extension, de toute vie terrestre.
Largement répandus dans le monde, les oiseaux constituent de véritables baromètres de la santé de la planète. Le rapport rendu public ce 28 septembre par BirdLife Internationalmontre que près de la moitié des plus de 11000 espèces d’oiseaux répertoriées sur Terre sont actuellement en déclin, dont 1409 menacées d’extinction, pour seulement 6 % en augmentation.
Les Outre-mer français, qui concentrent près de 80% de la biodiversité tricolore, sont particulièrement concernés avec 3 d’entre eux classés parmi les 10 territoires ayant la plus grande proportion d’espèces en danger : la Polynésie française (n°1), les Terres australes et antarctiques françaises (n°9) et Wallis et Futuna (N°10). Aux îles Marquises, la LPO s’investit par exemple pour la sauvegarde du Monarque de Fatu Huva, l’oiseau le plus menacé du territoire français avec une vingtaine d’individus sauvages survivants.
Le rapport se base sur la liste rouge mondiale des oiseaux menacés de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), établie par BirdLife à partir des données transmises par ses partenaires, recueillies en France par le programme de sciences participatives Faune France coordonné par la LPO.
Les activités humaines en cause
En plus d’alerter sur l’effondrement spectaculaire des populations d’oiseaux dans le monde, l’étude détaille également les facteurs anthropiques à l’origine de ces pertes :
- L’expansion et l’intensification de l’agriculture constituent la plus grande menace, affectant 73 % de toutes les espèces en danger. La mécanisation accrue, l’utilisation de produits agrochimiques et la conversion des prairies en terres cultivées ont ainsi entraîné une diminution de 57 % des oiseaux des terres agricoles en Europe depuis 1980.
- L’exploitation et la gestion forestières non durables engendrent une perte de plus de 7 millions d’hectares de forêt chaque année dans le monde qui affecte la moitié de toutes les espèces d’oiseaux en péril.
- La chasse et le braconnage contribuent au mauvais état de conservation de 38% des espèces d’oiseaux menacés dans le monde.
- Le changement climatique impacte déjà 34 % des espèces et devrait rapidement devenir encore plus problématique.
- Plus de 100 espèces d’oiseaux marins sont tuées en masse par les pratiques de pêche industrielle.
- L’expansion urbaine et l’artificialisation engendrée par le développement résidentiel et commercial contribuent au déclin de 27% des oiseaux menacés au niveau mondial, tandis que la production d’énergies, y compris renouvelables, et l’exploitation minière constituent une menace pour 18% d’entre elles.
Face à cette situation critique, la sauvegarde et la protection des sites importants pour la nature, la restauration des écosystèmes endommagés et la lutte contre les principales menaces pesant sur les oiseaux et la biodiversité sont essentielles. Des actions efficaces peuvent sauver les espèces en péril et aider la nature à se rétablir. Depuis 2013, 726 espèces d’oiseaux menacées à l’échelle mondiale ont directement bénéficié des actions du réseau international BirdLife et plus de 450 zones importantes pour leur conservation ont été désignées comme aires protégées grâce à ses initiatives de plaidoyer. Les recherches montrent qu’entre 21 et 32 espèces d’oiseaux auraient disparu au cours des 30 dernières années sans les efforts entrepris pour les sauver.
La quinzième réunion de la Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique qui aura lieu à Montréal (Canada) du 5 au 17 décembre 2022 sera un moment crucial pour les oiseaux et toute la nature, alors que les 193 pays signataires se réuniront pour finaliser et adopter le cadre de la stratégie mondiale pour la biodiversité.