Le réchauffement climatique s’annonce pire que prévu en France

Sans réduction majeure des émissions de gaz à effet de serre, le mercure pourrait grimper de 3,8 degrés en France en l’espace d’un siècle.

Coup de chaud. Selon une étude, les températures dans l’Hexagone en 2100 pourraient augmenter de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle, si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement. « Une hausse jusqu’à 50 % plus élevée que les précédentes prévisions », indique l’un des auteurs de l’étude Aurélien Ribes, climatologue au Centre national de la recherche météorologique (CNRM).

Dans le pire des scénarios, celui du recours massif persistant aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), les températures moyennes pourraient grimper de 6,7 degrés, avertit l’étude parue dans la revue « Earth Systems Dynamics ». Dans le meilleur des cas, l’augmentation de la température serait de 2,3 °C. Dans l’ensemble, « la France se réchaufferait davantage (environ +20 %) que la moyenne planétaire », indique Aurélien Ribes, avec une hausse moyenne de 0,36 degré par décennie.

Jusqu’à 6,6 degrés de plus en été

La possible hausse de 3,8 degrés en 2100 en France n’est toutefois qu’une moyenne, avertissent les chercheurs : certaines régions, notamment autour de l’arc méditerranéen ou en montagne, pourraient connaître des températures encore plus élevées. Et le réchauffement varierait fortement selon les saisons. Si en hiver, la hausse des températures serait de 3,2 °C (2,3 à 4,2 °C selon les régions), en été, le thermomètre pourrait s’affoler, avec une hausse moyenne de 5,1 degrés (3,6 à 6,6 °C selon les régions).

Selon Météo-France, dans un scénario à 4° de réchauffement, les vagues de chaleur en Ile-de-France par exemple s’étendraient de 21 à 94 jours selon les régions contre sept aujourd’hui en moyenne nationale et la fréquence de ces événements devrait doubler d’ici 2050. Et, selon le Giec, chaque degré supplémentaire de réchauffement équivaut à une augmentation de 7 % des précipitations lors des tempêtes et orages.

Dans tous les cas, ce réchauffement aura « des conséquences sur les écosystèmes et la biodiversité », explique Julien Boé, chercheur en climatologie au CNRS. Les « habitats deviendront moins favorables à certaines espèces, qui seraient contraintes de se déplacer », sans oublier les effets « sur le système agricole » avec l’abandon de certaines cultures, faute d’eau, ou un changement dans les cycles de récolte.

Source : 20 Minutes, 20/10/2022

 

Photo : Illustration de la sécheresse et du manque de ressource en eau potable, ici dans un chemin à Rennes en septembre 2022. — C.Allain/20 Minutes