BLOOM enquête depuis plusieurs mois sur le secteur de la pêche thonière. Nous sommes aujourd’hui prêts à vous révéler ce que nous avons découvert : un système ahurissant dans lequel les industriels dictent leurs lois au mépris des écosystèmes marins et des principes fondamentaux de notre régime démocratique.
Un scandale porté devant le Parquet national financier
BLOOM et l’association de lutte contre la corruption ANTICOR dévoilent aujourd’hui même un cas de transfuge scandaleux que nous avons signalé au Procureur du Parquet national financier : la personne responsable au sein de l’administration française⁽¹⁾ des flottes de pêche industrielles pêchant le thon en Afrique a été recrutée par le puissant lobby de la pêche thonière en France ! Et cela, sans respecter le délai de trois ans prévu par la loi.
Le lobby thonier « ORTHONGEL » membre du lobby européen « EUROPECHE », s’achète ainsi la cartographie des acteurs, une connaissance des dossiers confidentiels, des calendriers, des plans d’action stratégiques, des mécanismes de décision et des potentiels litiges en cours. C’est intolérable que ces informations sensibles servent les intérêts privés de pêches industrielles impliquées dans une destruction environnementale à grande échelle en Afrique.
Une prise de guerre pour les lobbies thoniersCe cas de transfuge représente une prise de guerre pour les lobbies thoniers car il intervient au moment même où est renégocié au niveau européen le cadre global de contrôle des flottes de pêche. Les industriels sont sur le point d’obtenir un changement de réglementation inacceptable qui leur permettrait d’augmenter massivement la marge d’erreur que la loi leur accorde lorsqu’ils déclarent leurs captures. Si l’amendement des lobbies est adopté à Bruxelles, il pourrait devenir « légal » de se tromper radicalement sur les volumes pêchés ! Les navires thoniers pourraient attraper dans certains cas jusqu’à près de 50% de poissons en plus tout en étant « dans les clous » de la loi. C’est une honte. Un scandale. Et une tragédie environnementale qui se déploie avec le soutien actif de la France. |
L’État français et les lobbies thoniers : un duo coupable et destructeurLa France a ouvertement soutenu le lobbying thonier en appelant les députés du Parlement européen à adopter des amendements augmentant de façon exponentielle la tolérance pour leurs captures non règlementaires. Pourquoi ? Pourquoi la France se mobilise-t-elle pour soutenir des dispositions aussi honteuses portées par les lobbies thoniers ? Pourquoi la France accepte-t-elle le transfert hors la loi de la personne responsable des flottes thonières au sein de l’administration française au lobby thonier ? Parce que la France et les flottes de pêche au thon sont coupables d’avoir fraudé et fermé les yeux sur ces fraudes. Changer la norme est donc la seule façon de légaliser des années d’infractions systématiques qui se sont produites avec l’aval des autorités françaises. Voilà pourquoi. En 2015, la France a accordé des dérogations illégales à ses propres navires thoniers pour qu’ils puissent exploser le plafond fixé par la loi européenne. Ce sont des années de sous-déclarations de captures qui sont en jeu, donc des années de fraudes, des millions d’euros de manque à gagner fiscal, d’aveuglement coupable, des centaines de millions de kilos de poissons capturés illégalement, de biodiversité massacrée avec la complicité de l’Etat. La complaisance de l’État français s’est d’ailleurs fait épingler par la Commission européenne, qui vient d’ouvrir une procédure d’infraction⁽²⁾ contre la France pour avoir accordé des dérogations illégales à ses navires thoniers et ne pas les avoir contrôlés. BLOOM demande aujourd’hui par voie d’avocats au gouvernement l’abrogation de ces dérogations scandaleuses. |
Les fraudeurs trouveront BLOOM sur leur chemin
Si au cours de la négociation finale de trilogue – réunion à huis clos entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen – prévue à Bruxelles en fin d’année, la France obtient l’augmentation de la marge de tolérance sur les captures déclarées, elle pourra faire d’une pierre deux coups
: d’une part, elle sera en mesure de tuer dans l’œuf la procédure judiciaire initiée à son encontre par la Commission européenne et d’éviter ainsi une condamnation, et d’autre part, elle pourra légitimer des années d’abus tout en institutionnalisant la destruction des écosystèmes marins d’Afrique.
Il n’est pas question que cela se passe ainsi.
BLOOM se mobilise nuit et jour pour empêcher que les passe-droits scandaleux accordés aux industriels thoniers par le gouvernement français deviennent la norme européenne.
Nous avons la ferme intention de faire dérailler le plan machiavélique et honteux de l’Etat français, soutenu – comme toujours – par l’Espagne.
Aujourd’hui, c’est tout un système qui entretient les conflits d’intérêts et la corruption morale des institutions que BLOOM dénonce.
Ce n’est que le début de nos révélations et de nos actions contre la collusion entre les intérêts privés et la force publique.
Aidez-nous à protéger l’océan et les animaux marins du cynisme violent des lobbies industriels.