Chaque année, on estime que 20 millions de requins vivant dans la zone pélagique sont victimes de pêche accidentelle. Ce chiffre monte même à 100 millions si l’on inclut les poissons plats comme les raies. Ils se retrouvent souvent pris au piège des hameçons de palangres, destinés à d’autres espèces, comme les thons. Conséquence, un quart des requins et des raies sont désormais classés comme menacés.
Mais une nouvelle étude publiée dans la revue Current Biology affirme qu’une nouvelle technologie, appelée « SharkGuard » pourrait permettre à la pêche à la palangre de se poursuivre, tout en évitant d’attraper des requins.
« La principale implication est que la pêche commerciale à la palangre peut continuer, mais elle n’entraînera pas toujours nécessairement des prises accessoires massives de requins et de raies, a ainsi déclaré Robert Enever, de Fishtek Marine, au Royaume-Uni. Ceci est important pour équilibrer les besoins des pêcheurs avec les besoins de l’environnement et cela contribue aux engagements nationaux et internationaux en matière de biodiversité pour la durabilité à long terme. »
Un champ électrique pour repousser les requins
Afin de créer ce nouveau dispositif, Robert Enever et ses collègues se sont inspirés des répulsifs contre les requins, qu’ils trouvaient prometteurs pour protéger les plongeurs et les surfeurs des attaques. Concrètement, « SharkGuard » est attaché à la ligne de pêche et crée un champ électrique autour de l’hameçon. Le but est de décourager les requins et les raies, qui détectent les signaux électriques via leurs électro-récepteurs, de mordre l’hameçon, sans pour autant repousser les autres espèces de poissons.
Lors des essais du dispositif en France en juillet et août 2021, plus de 18 000 hameçons ont été déployés, sur 11 voyages différents. Résultat, il a été constaté une baisse de 91% de prises de requins bleus, et 71% de baisse de prises de raies pastenagues. En revanche, le dispositif n’a pas fait diminuer le nombre de prises de thons.
« SharkGuard » présente en revanche un gros défaut, que ses concepteurs tentent de corriger : sa batterie, qui nécessite d’être souvent changée.
« Il y a de l’espoir !, conclut Robert Enever. Dans le contexte incessant d’histoires de déclins dramatiques survenant dans toutes les espèces, il est important de se rappeler qu’il y a des gens qui travaillent dur pour trouver des solutions. « SharkGuard » est un exemple de cas où, avec le soutien approprié, il serait possible de lancer la solution à une échelle suffisante pour inverser le déclin actuel des populations mondiales de requins. »
Source GEO