C’est un chiffre édifiant : il faudrait 3 millions d’années d’évolution pour reconstituer à Madagascar l’extraordinaire diversité des mammifères disparus depuis l’arrivée de l’Homme sur place il y a 2.500 ans, selon une étude qui souligne l’urgence de sauver de l’extinction des dizaines d’autres espèces menacées sur l’île, trésor de biodiversité.
Une trentaine de mammifères, tels que les lémuriens géants, les oiseaux-éléphants ou les hippopotames nains, sont déjà éteints sur cette île de l’Océan Indien, riche d’une biodiversité exceptionnelle, fruit de 80 millions d’années d’évolution en dehors de la présence humaine. Aujourd’hui, 128 mammifères, dont des espèces uniques au monde comme le lémurien, sont à leur tour menacés d’extinction. Et s’ils venaient à disparaître, le temps nécessaire pour que l’évolution reconstitue un éventail similaire d’espèces atteindrait même 23 millions d’années, selon l’étude publiée dans Nature Communications par une équipe de paléontologues d’Europe, de Madagascar et des États-Unis.
« Si la faune et la flore endémiques de Madagascar disparaissent, il y aura un effondrement des écosystèmes sur l’île », a déclaré Luis Lima Valente, coauteur de l’étude et professeur adjoint à l’université de Groningue aux Pays-Bas. « Cela aurait des conséquences dramatiques sur les moyens de subsistance des Hommes dans la région, entraînant la famine et l’émigration massive », a-t-il mis en garde.
« Nos actions humaines ont des implications sur des échelles temporelles qui sont difficiles à imaginer », a souligné M. Valente. « En même temps, cela montre que si nous agissons maintenant pour protéger les espèces, nous avons la possibilité de sauver des millions d’années d’évolution. C’est un message percutant à transmettre », a-t-il ajouté.
Bien que les populations de flore et de faune soient relativement intactes sur l’île, beaucoup d’espèces – dont plus de 100 espèces de lémuriens – sont menacées d’extinction, selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Source Sciences et Avenir