En Colombie-Britannique, près de 6 000 ours noirs ont été tués par les autorités depuis 2011. Pour arrêter l’hécatombe, des citoyens se mobilisent et tentent de les éloigner des villes.
Minnekhada Regional Park (Canada), reportage
« Vous savez comment vous comporter quand un ours est près de vous ? »
Brian Nawyn, la soixantaine et l’œil bleu vif sous sa casquette à flammes, nous rassure alors qu’on embarque avec lui direction le Minnekhada Regional Park, au nord-est de Vancouver, et ses dizaines d’ours noirs. L’employé d’un circuit de course dans la ville de Mission, est membre de la North Shore Black Bear Society, une association de protection des ours. Il les observe depuis plus de cinquante ans : « Prépare-toi, il va y en avoir ! Quand tu le vois, respecte-le, laisse-lui de l’espace. Ils ne sont pas agressifs, il faut savoir les écouter. »
Deux heures plus tard, à arpenter les sentiers du parc par un moite 27 degrés, à froncer les yeux entre les champs de bleuets pour tenter de détourer le noir d’un museau, aucune trace du mammifère à poils noirs : « Avant, en une heure de marche, vous pouviez en voir une vingtaine. Maintenant, ils sont moins nombreux », constate l’amoureux des ours. Et de poursuivre : « Ils se font tuer par les agents de conservation de la faune (British Columbia Conservation Officer Service, ou BC COS) ! Et la police montée. Dès qu’un ours s’approche d’une maison, les gens appellent et la seule réponse qu’ils ont, c’est “bang !”Chaque année, des centaines sont flingués », lâche-t-il amer.
En onze ans, près de 6 000 ours noirs ont été tués par les autorités, d’après les données provinciales. Rien que depuis avril, 575 y sont passés. Cela n’inclut pas ceux tués par des chasseurs, près de 4 000 en moyenne chaque année. Et combien d’ours braconnés ? La province ne nous a pas répondu, mais les médias canadiens font régulièrement état d’ours retrouvés morts, sans leurs pattes, ni leur vésicule biliaire.
Source : Reporterre