Il n’est déjà plus question de parler de réchauffement climatique mais plutôt d’« ère de l’ébullition » climatique, selon le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Après plusieurs semaines de surchauffe dans les mers et sur trois continents, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies et l’observatoire européen Copernicus estiment avoir suffisamment de données pour annoncer que juillet 2023 sera « très certainement le mois le plus chaud jamais mesuré », dépassant le précédent record enregistré lors du mois de juillet 2019.
L’événement est probablement « sans précédent » sur des milliers d’années. Et cela risque de n’être qu’un « avant-goût » de l’avenir climatique de la planète, estiment les deux institutions de référence.
De quoi faire dire au patron de l’ONU que « l’ère du réchauffement climatique est terminée », laissant déjà sa place à « l’ère de l’ébullition mondiale ». « Le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et c’est seulement le début », a également déploré Antonio Guterres devant la presse.
Des températures sans précédent depuis 100 000 ans
Entre la Grèce en partie ravagée par les flammes, de même que le Canada, la chaleur écrasante sur l’Europe du Sud, l’Afrique du Nord, le sud des États-Unis et une partie de la Chine, qui vient également d’essuyer les ravages du typhon Doksuri : les signes visibles du réchauffement climatique d’origine humaine se manifestent plus que jamais durant cet été.
Même si d’autres régions connaissent un été clément, voire frais dans le nord de l’Europe, les scientifiques sont formels : « il est extrêmement probable que juillet soit le mois de juillet le plus chaud jamais enregistré » et même « le plus chaud tous mois confondus », ont annoncé l’OMM et Copernicus, confirmant ses prévisions alors que le mois de juillet touche bientôt à sa fin.
Après un mois de juin déjà record, les trois premières semaines de juillet sont déjà les trois plus chaudes jamais mesurées. Et l’anomalie de température mesurée par Copernicus, dont les données complètes remontent à 1940, est telle qu’il n’est pas nécessaire d’attendre la fin du mois pour confirmer ce triste record.
Au-delà de la fine précision des mesures modernes, les données paléoclimatologiques, à partir des cernes de croissance des arbres et des carottes de glace, permettent d’avancer que ces températures actuelles sont certainement « sans précédent dans notre histoire au cours des derniers milliers d’années », a déclaré Carlo Buontempo, directeur du service climatique de Copernicus (C3S). Et même « sur une période beaucoup plus longue, probablement de l’ordre de 100 000 ans », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.
D’ailleurs, Carlo Buontempo estime qu’« il est peu probable que le record de juillet reste isolé cette année » vu les prévisions saisonnières du C3S et la montée en puissance annoncée du phénomène climatique cyclique El Niño au-dessus du Pacifique, synonyme de réchauffement mondial.
En effet, malgré trois années successives du phénomène inverse, La Niña, qui a en partie masqué les effets du réchauffement, les années 2015-2022 ont été les plus chaudes jamais mesurées. Et les regards sont désormais braqués sur le record annuel de 2016, qui pourrait être battu dès 2023 ou 2024.
Des canicules impossibles sans l’action de l’homme
Les observations sont toutefois conformes aux prévisions répétées des climatologues. Mardi, le réseau scientifique World Weather Attribution (WWA) avait conclu que la survenue des récentes canicules en Europe et aux États-Unis auraient été « quasiment impossibles » sans l’effet des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine.
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:SPYROS BAKALIS / AFP, Depuis le début du mois de juillet 2023, la canicule s’acharne sur une partie du globe, comme ici en Grèce, où la sécheresse entraîne dans son sillage de violents incendies dévastateurs…
Source : Le Huffpost