Entre 2020 et 2022, presque 500 incidents entre des orques et des bateaux ont été comptabilisés
Les orques sont très intelligentes. Ces baleines tueuses sont capables de comportements complexes. Certaines études montrent ainsi que les orques âgées transmettent leurs connaissances sur les lieux et les moments où trouver de la nourriture. Mais transmettent-elles aussi des griefs ? La rancune se propagerait-elle d’une orque à l’autre ? C’est en tout cas une inquiétude, car les attaques de ces baleines tueuses semblent se multiplier dans le détroit de Gibraltar, rapporte nos confrères du Monde.
D’après le journal, les garde-côtes espagnols et portugais reçoivent plusieurs appels par semaine à ce sujet. Les scientifiques et les autorités, s’interrogent sur le rôle mystérieux de Gladis, matriarche d’un clan de cette espèce réputée pour son intelligence. Ces « interactions », terme employé par les spécialistes et les autorités pour décrire ces attaques, ont débuté en 2020 au large des côtes atlantiques de la péninsule ibérique, particulièrement entre Cadix et Tanger (Maroc).
Gladis, l’orque originelle
Entre 2020 et 2022, leur nombre a atteint près de 500, selon le Groupe de Travail sur l’Orque de l’Atlantique (GTOA). Selon l’organisation de sauvetage en mer espagnole Salvamento Marítimo, 28 « interactions » ont déjà eu lieu en 2023. Gladis Lamari, matriarche d’un clan, à laquelle on attribue de nombreuses attaques, aurait appris à ses petits à s’en prendre aux voiliers.
Sur son site, le GTOA affiche l’arbre généalogique d’un groupe d’une quinzaine d’orques apparentées nommées « les Gladis », qui ont attaqué des voiliers et dont elle est considérée comme la matriarche. Les orques « forment des familles, des groupes, ils sont très intelligents et il y a une sorte de transmission orale de la connaissance entre eux », souligne José Luis García Varas. L’orque aurait été percutée par un navire en 2020. De là est née la légende de sa vengeance, perpétuée par les siens sur tous les navires qui croiseraient leur chemin…
Simples « jeux » ou « animosité » transmise ?
Mais certains scientifiques sont plus mesurés. A l’heure actuelle, « nous n’avons pas d’explication définitive », tempère Renaud de Stephanis, docteur en sciences marines et président de l’organisation Circe (Conservation, Information et Etude des Cétacés). Il parcourt les eaux espagnoles afin de repérer et suivre les orques grâce à un marquage satellite, dans le cadre d’un programme du ministère espagnol de la Transition écologique destiné à « limiter les interactions avec les embarcations » dans la zone.
Il existe « plusieurs hypothèses » pouvant expliquer ces attaques, allant de simples « jeux », à « l’animosité », explique-t-il. María Dolores Iglesias, présidente d’une organisation locale de protection de l’environnement, pense, elle, que la matriarche est morte, mais que les membres du clan continuent à attaquer les voiliers en raison d’un ressentiment qu’elle leur aurait transmis. « Il y a une petite-fille de Gladis » qui attaque les bateaux avec « fureur », affirme-t-elle. Du jeu à la vengeance, il n’y a qu’un saut d’orque que les scientifiques cherchent à franchir avec certitude depuis trois ans…
Photo : De nombreuses études montrent que les orques sont très intelligentes et capables de se transmettre des informations. (PHOTO D’ILLUSTRATION) — Canva
Source : 20 Minutes / DR