Comme chaque année, on voit fleurir dans la presse des chiffres fantaisistes de prédation des ours, propagés par les opposants au plantigrade.
Les derniers en date concerneraient une hypothétique forte augmentation des attaques d’ours ==>> article France3
Il est vrai que le nombre de constats effectués par les agents de l’OFB (Office français de la biodiversité) est en augmentation par rapport à l’année dernière à la même date.
Par contre il est faux de relier directement ces constats aux attaques d’ours, car ils concernent toutes les causes de mortalité que les opposants s’empressent d’attribuer à l’ours.
Rappelons que ces constats permettent de relever des éléments factuels sur les cadavres de bétail.
Ils sont ensuite traités par le personnel de la DDT (Direction départementale des territoires) pour :
1/ Non pas déterminer précisément la cause de la mort (il faudrait une expertise vétérinaire), mais évaluer s’il s’agit d’une prédation ou pas.
2/ S’il s’agit d’une prédation, est-ce que l’ours peut être écarté ou pas ?
Il faut donc attendre la conclusion de ces constats pour savoir si l’ours peut être mis en cause ou pas :
- En cas de « responsabilité ours écartée », c’est que la cause de la mort a été précisément déterminée et que l’ours n’est pas en cause.
- « Cause de la mort indéterminée » signifie qu’aucun indice de prédation n’a été trouvé, mais que la cause de la mort n’a pu être déterminée.
- « Responsabilité ours non écartée» signifie que des indices de prédation ont été trouvés, et qu’ils ne permettent pas d’écarter l’ours : cette conclusion inclut donc les prédations où les indices mettant en cause l’ours sont incontestables et celles où on ne peut pas trancher entre l’ours et un autre prédateur d’une certaine taille, comme les grands chiens.
Seule cette dernière catégorie peut donc être invoquée pour chiffrer les attaques d’ours, avec toutes les réserves permises par les incertitudes de la méthode.
Seule une partie des constats réalisés a actuellement été traitée par la DDT de l’Ariège, aucune conclusion n’apparaît encore sur le site de la DREAL.
Il est donc prématuré d’affirmer que les attaques d’ours ont fortement augmenté.
Les chiffres de 900 à 1000 bêtes tuées par l’ours chaque année, cités par la Fédération Nationale Ovine, sont tout aussi mensongers, car incluant encore l’ensemble des bêtes expertisées : les chiffres officiels déterminant les prédations « responsabilité ours non écartée » s’élèvent à 590 bêtes en 2022. Le groupement pastoral ayant subi le plus de pertes par prédation (le plus gros troupeau de l’Ariège, non protégé) a perdu 4% de ses effectifs, et non pas 10%. De plus 46 ours ont été identifiés par l’OFB en Ariège en 2022 sur un total de 76, soit 60 % et non pas 90 %.
Gonfler les chiffres, en incluant également les bêtes perdues, est un enjeu à la fois politique pour les organisations professionnelles anti-ours, mais aussi financier pour inciter à se faire indemniser toute bête morte ou perdue en estive : il est inévitable qu’avec la météo parfois difficile du versant français des Pyrénées, un certain nombre de bêtes se perdent, notamment pour des troupeaux pouvant atteindre 2500 bêtes, en augmentation constante ces dernières années malgré la présence de l’ours.
En Catalogne, de l’autre côté de la frontière, moins d’une vingtaine de bêtes a été imputée à l’ours en 2022.
Source : FERUS
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