La civelle n’est pas une espèce de poisson à proprement parler, mais un poisson bien connu à son stade d’alevin. Il s’agit en effet du bébé de l’anguille, dont la chair est particulièrement appréciée en Asie au point de faire s’envoler les prix.
Comment reconnaître une civelle ?
Aussi appelée pibale, la civelle est un alevin aveugle. Elle se caractérise par son aspect transparent teinté de gris, qui lui a valu le surnom « d’or gris ». Lorsqu’elle se pêchait aisément dans les cours d’eau, elle constituait en effet une ressource alimentaire importante pour les personnes de condition modeste.
Aujourd’hui, son statut de mets raffiné, en particulier sur le marché asiatique, en fait une ressource maritime particulièrement rentable. Le corps est si transparent qu’on peut voir les organes internes. Avec deux yeux noirs bien visibles, les civelles sont également identifiables par leur forme fine et allongée qui évoque la silhouette future de l’anguille adulte.
L’alevin a une texture gluante qui lui a d’ailleurs valu d’être utilisé comme colle lorsque l’animal était abondant dans les eaux françaises.
Où vivent les civelles ?
On trouve des civelles dans de nombreux endroits du globe. Ainsi, son succès en Asie a conduit à son exportation dans les eaux japonaises. En outre, l’alevin de l’anguille n’hésite pas à effectuer bien des kilomètres entre son lieu de naissance et les zones où elle trouvera de quoi se nourrir et devenir anguille.
À l’origine, la civelle naît dans la mer des Sargasses, une zone calme de l’Atlantique Nord du côté de l’Amérique. Sans vent ni vagues, cette zone se caractérise par la présence abondante d’algues de surface. De là, les civelles traversent l’Atlantique pour gagner les zones saumâtres de l’Europe.
En France et en Espagne, on les retrouve dans les marais, les estuaires, les rivières et les étangs. Les pibales passent ainsi de la mer aux eaux douces. En effet, la civelle est amphihaline, c’est-à-dire que son cycle de vie se répartit entre deux milieux aquatiques différents. Il faut presque un an à la civelle pour atteindre l’Europe, aidée par la puissance du Gulf Stream.
Pourquoi les civelles sont-elles chères ?
Autrefois plat bon marché jusqu’au milieu du XXe siècle au moins, la civelle est devenue un poisson recherché. En effet, sa texture, davantage que son goût peu marqué, séduit le marché asiatique. Il s’agit également d’un mets traditionnel particulièrement apprécié dans la péninsule ibérique.
Dans le même temps, le stock de civelles a drastiquement diminué en raison de la dégradation de leur habitat liée à la pollution (produits phytosanitaires et résidus de cocaïne reversés dans les eaux des rivières notamment) et à l’aménagement artificiel des cours d’eau. La demande importante a en outre poussé le secteur à importer des anguilles du Japon pour augmenter l’élevage, favorisant le développement de maladies exotiques chez les anguilles européennes. Des quotas de pêche réglementent aujourd’hui la capture des civelles.
Cependant, nul ne sait pour le moment faire naître des anguilles en captivité : la pêche des civelles reste donc indispensable. Autant de paramètres qui ont conduit à une explosion des prix de cet alevin.
Quelle est la période de pêche des civelles ?
Selon le lieu de pêche, la capture de civelles est autorisée de décembre à avril, parfois dès novembre, soit une période de cinq mois. Il est ainsi possible de pêcher la civelle tout début novembre dans les Pyrénées-Atlantiques et dans les Landes, et en milieu de ce mois en Gironde et en Charente-Maritime. La haute saison de la civelle se déroule en janvier et février.
À noter toutefois que seuls les pêcheurs professionnels sont autorisés à capturer la pibale.
Source : GEO