Photographes animaliers

Adrien LESAFFRE

Très jeune, j’ai nourri un intérêt pour le monde du vivant.

Un peu plus tard, grâce à la photographie et à mon goût pour l’aventure, je suis parti à la rencontre des animaux sauvages de différentes régions de la planète.

L’amour des montagnes ariègeoises a attisé ma curiosité et poussé à voyager vers d’autres monts et merveilles…

Aujourd’hui, je veux sublimer cette nature par l’image, en cherchant les moindres instants fugaces de ce monde sauvage, et porter une grande attention à la sauvegarde de notre environnement, au biotope et aux espèces en voie de disparition.

C’est dans cet esprit que j’ai abordé des sujets passionnants, comme le loup d’Éthiopie dont je suis plus que passionné, des Geladas et de toute la faune qui les entoure.

C’est donc tout naturellement que j’ai entrepris de collaborer avec le EWCP (Ethiopian Wolf Conservation Programme) pour participer, à mon échelle, à la sauvegarde et à la sensibilisation de l’espèce rare et menacée

 

Entretien avec...

Votre rapport avec la faune 

Pourquoi avoir choisi l'animal sauvage comme thème privilégié ?

Sans doute car depuis l’enfance, j’adorais passer mon temps dans les forêts pour y jouer. Construire des cabanes, observer les buses et les chevreuils, espérer rencontrer un loup …Tout cela me passionnait et me passionne encore !

Il y a eu mes rendez-vous avec Cousteau, ou Ushuaia qui ont beaucoup compté dans ma jeunesse. Au-delà de cela, je pense aussi à la quiétude et la simplicité que je ressens lorsque je suis invité dans le royaume du vivant. T

outes ces observations sont un vrai bonheur et me questionne toujours.

Un élément déclencheur ?

De nombreux ouvrages en tête oui on beaucoup influencé ces désirs de Nature, d’aventures

Je citerais L’Ours bleu de Lynn Scholler, ou encore Doug Peacock et ses aventures dans une Amérique sauvage peuplée de grizzlys.

     

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis les ouvrages de Munier et notamment Solitudes ou encore de Crépuscule en Crépuscule qui m’ont ému par l’image et leur simplicité.

   

Autant d’invitations à venir se perdre dans la nature pour en apprécier chaque merveille.

Une belle émotion ou rencontre avec la faune ? 

Sans aucun doute cette rencontre avec cette famille de loup d’Éthiopie, en janvier 2020. J’étais accablé en apprenant que près de la moitié des populations de loups, cette année-là, avaient disparu : en cause une épizootie Rage et Maladie de Carré.

Après quelques jours j’ai pu assister à l’émergence d’une nouvelle génération pour cette espèce, pour ce clan : 4 jeunes ! C’était une immense joie de pouvoir assister à ce moment.

Un lieu mythique ? 

Je répondrais à cette question de façon idéologique et peut être fantasque, car en cette Terre il n’y a pas de lieu, à mes yeux, que je ne souhaite pas visiter.

Toutes les régions de la planète et leurs merveilles méritent d’être vue.

En rêveur je vous répondrais tout de même qu’au creux de mon imagination, un lieu mythique émerge, tissé de la nature la plus sauvage et de la faune la plus majestueuse.

C'est un endroit où les frontières entre le monde humain et le royaume animal semblent s'estomper, où l'équilibre entre l'homme et la nature est respecté avec une profonde sagesse.

 

La photographie animalière

Votre photo à laquelle vous tenez particulièrement ?

S’il fallait en retenir une seule, je dirais cette rencontre sur le plateau du Sanetti un jour d’octobre. Ce jour-là, une brume épaisse vint envelopper le magnifique paysage afro-alpin. Tandis que je déambulais au milieu de ce champ de lave et de roche je distingue un loup qui semble apparaitre de nulle part. Je m’installe. Alors le loup, à mesure que le voile blanc se dissipe, s’approche vers moi, la truffe au sol, ses yeux dans les miens. Il se rapproche tellement que j’ai du mal à cadrer la bête. Pas plus de 3 mètres nous séparent. J’ai le cœur qui bas la chamade l’émotion et je crois même une petite larme… Chaque fois que je regarde ce cliché, je ressens encore ces frissons (d’ailleurs il faisait pas chaud là haut ! )

La photo animalière d’un confrère que vous auriez aimé prendre ?

Je pense secrètement jalouser tous mes confrères qui photographient tous de superbes merveilles !

Chaque fois que j’admire un de leurs clichés je me vois aussi partir dans une nouvelle aventure, photographier une nouvelle espèce et un environnement nouveau !

Et la technique : frein ou atout ?

La technique n’est selon moi un atout mais ne doit pas être un frein. Une approche pragmatique implique de trouver un équilibre entre la maîtrise technique et la créativité artistique.

Je pense qu’il vaut mieux avant tout développer ses sens créatifs justement, de se sentir libéré « du poids de la technique ». J’entends tellement souvent « quelle photo piquée » ou que sais-je.

Mais est-ce pour autant une belle image ? Pas toujours.

Savoir raconter une histoire, composer, donner un style créatif doivent être à mon humble avis la voie à atteindre avant le perfectionnisme de la technique.

Votre « terrain de jeu » préféré ?

Bien sur l’Éthiopie et ses montagnes ! J’ai me sens tellement en symbiose là-bas, mon obsession de revoir ces loups, parce que j’ai parfois l’impression d’être un des leurs (peut-être est-ce présomptueux)

Le voyage à faire absolument avant que le rideau de l’obturateur ne se ferme définitivement ?

Alors j’invite chaque personne à voyager où que ce soit car chaque partie de notre Terre est en sursis et malheureusement, tout disparaitra un jour prochain. Cependant je vous invite tous à venir en Éthiopie ! Ce pays regorge de telles merveilles !

Des conseils ? 

Laissez-vous emporter par votre imagination, sortez aussi souvent que faire ce peu, appareil photo en main bien sûr !

Osez, essayez, échouez mais partagez surtout !

 

Biodiversité

Le pire des dangers pour la vie sauvage ? 

Le pire des dangers pour la vie sauvage est sans doute l'activité humaine non durable et destructrice. L'expansion urbaine, la déforestation, l’agriculture intensive, la pollution, le braconnage et bien d’autres activités ravageuses dont nous, humains sommes les instigateurs.

Tout cela ne fait qu’accélérer le changement climatique alors que ces mêmes activités anthropiques ont des effets dévastateurs sur les écosystèmes et les espèces animales et végétales qui en dépendent. Ces actions perturbent les habitats naturels, fragmentent les populations et provoquent bon nombre d’extinction. Une véritable catastrophe écologique.

Il est donc crucial et urgent de prendre des mesures pour promouvoir la conservation, la gestion durable des ressources naturelles et la sensibilisation à l'importance de préserver la vie sauvage et les écosystèmes pour les générations futures : et c’est là un des rôles majeurs des photographes animaliers je pense : sensibiliser.

Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand-public ?

La meilleure des façons est sans conteste, je me répète sans doute, mais le PARTAGE de l’image avec le public est essentiel ! Un cliché est un magnifique ambassadeur pour les écosystèmes et espèces immortalisés. Trop de gens ignorent encore que notre planète regorge de choses incroyables et belles tout autant que fragile.

Plutôt optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?

Difficile de répondre à cette question. On peut penser de manière philosophique en disant que l'avenir de la planète et de sa biodiversité est un mélange composé d'optimisme et de pessimisme. C'est un moment crucial où nos actions présentes façonnent le destin à venir. Le pessimisme naît de la reconnaissance des défis auxquels nous sommes confrontés, mais l'optimisme émerge de notre capacité à prendre conscience, à collaborer et à agir pour préserver et restaurer notre environnement.

Notre choix déterminera la direction que prendra cette histoire partagée.

Les grand-messes annuelles (COP, sommet de la Terre...) sont-elles efficaces ?

L'efficacité des grandes conférences annuelles telles que les COP et les sommets de la Terre peut être sujette à débat. Ces événements sont importants car ils rassemblent des dirigeants mondiaux, des experts et des parties prenantes pour discuter des défis environnementaux et élaborer des accords internationaux.

Cependant, on peut souligner le manque d'actions concrètes et la lenteur des progrès.

Les intérêts nationaux divergents et les complexités politiques peuvent entraver la prise de décisions ambitieuses., Bien que ces conférences aient le potentiel d'être des catalyseurs pour le changement, leur efficacité dépend hélas de la volonté politique, de la mise en œuvre et du suivi des décisions prises.

 

Pour conclure ?

En tant que photographe animalier passionné, mon objectif a toujours été de capturer la beauté et la diversité de la faune dans son environnement naturel. Au fil de mes voyages et de mes aventures, j'ai eu le privilège de documenter des moments intimes et captivants de la vie sauvage, témoignant ainsi de la complexité et de la fragilité des écosystèmes qui abritent ces créatures extraordinaires.

Ma pratique de la photographie animalière va au-delà de la simple quête esthétique. Elle reflète mon engagement en faveur de la préservation de l'environnement. À travers mes images, je cherche à sensibiliser le public aux défis auxquels la faune fait face en raison du changement climatique, de la perte d'habitat et d'autres pressions anthropiques. Chaque cliché est une opportunité d'éveiller une prise de conscience d'inspirer le respect et l'admiration pour ces êtres vivants, et d'encourager des actions concrètes pour la conservation.

Mon implication va au-delà du déclencheur de l'appareil photo. Je m'efforce de collaborer avec des organisations environnementales et des groupes de conservation pour soutenir leurs efforts, comme par exemple le EWCP ( Ethiopian Wolf Conservation Programme). En partageant mes histoires et mes images, j'espère encourager un dialogue sur l'importance de préserver la biodiversité et de protéger les écosystèmes fragiles pour les générations futures.

En conclusion, la photographie animalière est bien plus qu'une passion personnelle. C'est un moyen puissant de documenter, d'inspirer et de plaider en faveur d'un monde où l'harmonie entre l'homme et la nature est primordiale. En unissant la créativité artistique à l'engagement environnemental, j'aspire à contribuer à la préservation de notre précieux héritage naturel.

Distinctions & Parutions

Expositions

Je ne participe que très rarement aux concours, alors je n’ai à ce jour aucune distinction. A vrai dire je ne cherche pas de reconnaissance par mes pairs ou que sais-je.

En revanche je trouve essentiel de partager son travail de photographe avec le public. Cela permets tant de chose comme la sensibilisation et la découverte… J’ai eu l’honneur de publier dans les pages de Nat’Images et  Terre sauvages. (ci-joint lien vers les parutions : ici (voir menu parution) Et puis j’ai publié mon propre livre dédié aux Loups d’Ethiopie : Kykebero en 2019.

Mais surtout mes participations aux festivals sont importantes à mes yeux car il n’y a pas meilleur endroit pour présenter mes images et en discuter !

J’ai pu exposer à Prenons la Pause, au festival du livre d’aventure à Pamiers, Aux 3eme Rencontres Photographiques de Chateaux Thierry, Ingénieuse Afrique à Foix, puis cette année à venir de très beaux festivals : Phot’Aubrac, au festival Pyrénéen de l’image nature à Cauterets, au premier Chamonix photo festival et enfin, je serais exposant à Montier en Der !

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