L’eau, l’eau bienfaisante s’est à nouveau rappelée à nous cet été. Le lien vital à cette ressource simplement essentielle prend de plus en plus de place dans l’espace privé et public, du jardin au champ irrigué. Il y a de quoi ! Un nouvel été sec, un mois de septembre inédit ont renforcé la perception collective d’une sortie des repères habituels.
En cet été 2023, des centaines de communes ont dû être, comme en 2022 ravitaillées par camions citernes. Ainsi Ally dans le Haut Allier, dont nous avons rencontré le maire durant notre séminaire annuel. Certes, il n’y a pas eu cet été les incendies géants de l’an dernier, qui avaient ravagé 72 000 hectares du massif landais. Mais des pans entiers de nos forêts ont séché sur pied. Des milliers de kilomètres de rivières ont été en assec. La dérive climatique comme l’appelle Jean-Marc Jancovici est bien là et nous angoisse. Notre gouvernement prend la mesure des périls, écoute davantage le monde scientifique. Le président Macron a lancé un Plan Eau en mars dernier. Ses 53 mesures visent une baisse de 10 % de tous les prélèvements d’ici 2030. Un premier pas, encourageant, réel, insuffisant. Le Plan Eau se met au diapason des temps incertains avec la réutilisation des eaux usées, la sobriété dans tous les usages, notamment agricoles dont certains s’apparentent à un accaparement injuste de la ressource au service d’un modèle dépassé. Entre 2000 et 2020, les prélèvements pour l’irrigation ont cru de 13 %., avec une moyenne nationale de 1954 m3 par hectare. Pas durable. A cet égard, le déficit de remplissage de Naussac, en Lozère, rempli à 24 % de sa capacité en novembre et dont l’eau est principalement utilisée pour l’irrigation du maïs (590 000 ha irrigués en France) fait figure de test grandeur nature. Il va falloir arbitrer entre les besoins de cultures industrielles et ceux, vitaux de villes comme Langeac, menacées de pénurie. Le bassin du premier plan « Grands fleuves » de notre pays va-t-il avoir le courage de donner l’exemple ? Nous devons changer le cap, apprendre la modération. Donc renforcer la délibération fructueuse, le partage de connaissance, l’élaboration de changements partagés, équitables en amont. Au Chant des Rivières, qui a renouvelé ses statuts, nous poursuivons notre action paisible pour aider à fabriquer ces choix, construire ces communs de respect et de gestion d’un bien sacré : l’eau. Pour cela, nous avons besoin de vous. Nous comptons sur votre générosité.
Joyeux Noël !, L’équipe du Chant des Rivières
Les Nouvelles du Chant des Rivières n°3 Déc2023