À l’occasion de l’édition 2024 de la Semaine du son de l’Unesco, qui se déroule du 15 au 28 janvier 2024 partout en France, des spécialistes en acoustique et des experts du bruit ont débattu de l’impact des nuisances sonores sur notre espérance de vie et la biodiversité et des solutions à apporter.
Trafic routier ou aérien, travaux incessants ou encore voisinage : nous vivons dans un monde de plus en plus bruyant, sans que nous en soyons toujours conscients. Si le bruit est un enjeu bien connu de santé publique, avec des conséquences sur la perte d’audition, la qualité du sommeil, ou encore le système cardio-vasculaire, les dégâts qu’il cause sur la biodiversité – notamment en ville – le sont moins.
Une perte d’espérance de vie en bonne santé liée à l’exposition au bruit
Quel est l’impact de la pollution sonore sur la biodiversité ? Quelles seraient les solutions pour la réduire à l’échelle d’un quartier ou d’une ville ? Ces questions étaient au centre de la conférence de presse donnée le 12 janvier 2024, à l’occasion de la 20e édition de la Semaine du son de l’Unesco.
Dévoilée à cette occasion, une cartographie du bruit des transports – routiers, ferroviaires et aériens – sur l’ensemble de l’Île-de-France, réalisée par l’observatoire du bruit Bruitparif, relève que les habitants sont un peu moins exposés au bruit des transports. Selon l’évaluation faite par l’association, la perte d’espérance de vie en bonne santé liée à l’exposition au bruit des Franciliens n’est plus de 10,7 mois comme il y a 5 ans, mais de 9,7 mois.
Cependant, la principale source d’exposition au bruit reste, sans surprise, les axes routiers. En effet, 8,6 millions de Franciliens, soit 80,6 % de la population, sont exposés pendant la journée à des niveaux d’exposition au bruit routier qui dépassent les recommandations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), à savoir 53 décibels (dB).
Les relevés de Bruitparif couvrent 433 communes regroupant 10,5 millions de Franciliens, soit 86 % de la population d’Île-de-France. “Ces diagnostics doivent servir à établir des politiques de santé publique et des plans de prévention autour de la protection contre le bruit dans l’environnement”, précise Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif.
La végétation urbaine pour diminuer le bruit
La pollution sonore liée à l’activité humaine n’est pas anodine : elle constitue une menace pour la faune et l’ensemble de l’écosystème dont elle fait partie.
« Le bruit humain peut empêcher un oiseau d’entendre d’autres sons importants, qui lui permettent de se diriger, de chercher de la nourriture, d’attirer un partenaire ou de maintenir des groupes sociaux, explique Fanny Mietlicki. Le bruit modifie le comportement d’espèces clés, parfois de manière importante, même si elles peuvent montrer des signes apparents d’adaptation. »Certains oiseaux sont continuellement stressés ou distraits. D’autres chantent plus fort et plus aigu pour se faire entendre et communiquer avec leurs congénères.
Pour lutter contre la pollution sonore, les villes peuvent verdir leur environnement. La végétation en milieu urbain, comme les espaces verts, les ceintures végétales et les toits verts, absorbe l’énergie acoustique et diffuse le bruit.
« La renaturation en milieu urbain va avoir un impact direct sur le rééquilibrage des milieux sonores, entre la géophonie (sons issus des phénomènes naturels non vivants, ndlr), la biophonie (sons produits par les organismes vivants, ndlr) et l’anthropophonie (sons d’origine humaine, ndlr)« , explique Cécile Regnault, architecte et conseillère en acoustique. « Les plans d’urbanisation doivent absolument prendre en considération cette problématique de pollution sonore », poursuit-elle.
“Dans le tumulte incessant de la vie moderne, où le bruit urbain devient une symphonie discordante, l’écologie sonore émerge aujourd’hui comme un impératif”, conclut Christian Hugonnet, ingénieur acousticien et fondateur de l’événement.
Source : Sciences et Avenir