Les cétacés seront-ils moins nombreux, cette année, à mourir sous les coques des navires de course ? Pour la première fois dans l’histoire de la course au large, des zones d’exclusion ont été mises en place dans le cadre de l’Arkéa Ultim Challenge, un tour du monde en solitaire à la voile lancé le 7 janvier.
Ces zones d’exclusion visent à protéger baleines, rorquals et cachalots du passage des voiliers de course. Très silencieux, toujours plus rapides et truffés d’appendices tranchants, ces derniers entrent régulièrement en collision avec des cétacés, révélait Reporterre dans une récente enquête. Les maxi-trimarans de la classe « Ultim » font partie des plus dangereux pour la faune marine.
Les six skippers engagés dans cette course devront éviter les zones de reproduction et d’alimentation des cétacés qui jalonnent leur parcours. Ces dernières se situent dans les Açores, les Canaries, au large du Cap de Bonne-Espérance, du Cap Horn, des îles Kerguelen et du Cap Vert.
« C’est du bon sens »
L’ancien coureur au large Stan Thuret, qui milite pour une mue écologique de la discipline, salue une « bonne nouvelle ». « C’est du bon sens. Évidemment, il ne faut pas aller jouer avec des bateaux qui vont à 45 nœuds [83 km/h] dans des endroits où il y a des espèces vivantes en danger. Ça ne serait pas validé dans d’autres sports, de faire des descentes en freeride dans des zones de montagne où il y a des tétras lyre protégés. »
Un bilan de cette mesure devra selon lui être fait à la fin de la course. « On verra à l’arrivée combien il restera d’appendices. » L’omerta reste importante, souligne-t-il. Après une collision, beaucoup de coureurs déclarent avoir heurté un « objet flottant non-identifié » plutôt qu’un cétacé. « On commence à se réveiller, à mettre des choses en place. Tant mieux, estime-t-il. Mais [les organisateurs de course] mettent le doigt dans un engrenage qui les amènera forcément à s’interroger sur leur vitesse et la nécessité de ralentir. »
Source : Reporterre