Lors d’une rencontre exceptionnelle du Club U2B (Urbanisme, Bâti, Biodiversité) réunissant plus de 200 participants au Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires, la LPO a présenté ce 24 avril 2024 ses propositions pour rendre les villes plus résilientes aux évolutions du climat tout en luttant contre l’effondrement du vivant.
La révision du Plan national pour la Nature en ville menée actuellement par le Gouvernement s’inscrit dans La Stratégie Nationale Biodiversité 2030, qui prévoit de « ramener de la nature en ville pour s’adapter aux conséquences du changement climatique et améliorer le bien-être des citadins ». Associée à ces travaux, la LPO préconise de faire du vivant le fil conducteur de l’aménagement urbain, par la sensibilisation et l’apport de solutions, et porte 10 propositions qu’elle juge prioritaires et réalistes dans leur mise en œuvre :
- Développer et partager la connaissance de l’état de la biodiversité sur le territoire national, en s’appuyant notamment sur des Atlas de la biodiversité communales (ABC) qualitatifs et aux protocoles unifiés
- Renforcer les trames écologiques et cartographier les points noirs des continuités écologiques, afin de prioriser les actions en matière de renaturation
- Former et mobiliser les élus et les acteurs de l’aménagement urbain, notamment pour assurer le respect de la réglementation relative aux espèces protégées
- Systématiser l’intégration de règles favorables à la biodiversité dans les outils de planification urbaine tels que les PLUi, pour en faire de leviers de protection de la nature
- Préserver l’existant à l’échelle du projet urbain en réalisant des diagnostics pédologiques et écologiques pour identifier précisément les impacts et préserver les sols fonctionnels
- Protéger les espèces sauvages du bâti dans les travaux de rénovation en assurant leur meilleure prise en compte dans les normes de construction et de rénovation.
- Favoriser l’installation du vivant en ville, en favorisant le maintien et la création d’espaces végétalisés, qui apportent le gite et le couvert à la faune sauvage. Rappel : la LPO préconise de suspendre les travaux d’entretien des jardins et espaces verts, pour ne pas déranger la faune sauvage pendant sa période de reproduction, de mi-mars à fin août.
- Amplifier la lutte contre les pollutions lumineuses et sonores en faisant appliquer la réglementation qui est à ce jour très peu respectée
- Optimiser la renaturation des sols artificialisés en promouvant les méthodologies de réhabilitation des sols dans les marchés publics
- Intégrer la biodiversité dans les labels et certifications liés au bâti, tel que le label RGE.
L’étalement urbain est à l’origine de 70% des 20 000 à 30 000 hectares d’espaces naturels et agricoles qui disparaissent chaque année en France en raison de l’artificialisation des sols, soit l’équivalent de 100 terrains de football par jour. Regorgeant de vie, les sols sont essentiels aux écosystèmes. Leur protection et leur restauration sont des enjeux majeurs sur lesquels s’investit la LPO.
La ville peut créer des espaces propices ou défavorables à la faune. L’architecture des bâtiments et les méthodes de gestion des espaces végétalisés vont être déterminantes pour la survie des oiseaux, mammifères, insectes et autres reptiles qui partagent nos espaces de vie.
La rénovation énergétique peut avoir des conséquences désastreuses sur la nidification des hirondelles et des martinets, l’aménagement des combles condamner une colonie de chauve-souris, la construction d’une clôture couper la route aux hérissons, l’éclairage perturber les espèces nocturnes, une piscine ou une façade de verre devenir un obstacle mortel, etc.
Les conséquences sont déjà mesurables : selon le Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) coordonné par la LPO et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), entre 1989 et 2019, les espèces des milieux bâtis ont perdu plus du quart de leurs effectifs. Plus spécifiquement, un quart des hirondelles de fenêtre, la moitié des martinets noirs, les trois-quarts des moineaux parisiens ont disparu en moins de 20 ans.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : Le développement humain qui se fait au détriment de la nature a aujourd’hui atteint ses limites planétaires. En ville comme partout ailleurs, il est urgent de redonner au reste du vivant la place qui est la sienne : parmi nous. »