Une étude scientifique invite à repenser notre rapport au monde sauvage en rappelant un élément majeur : les loups sont indispensables à la pérennité des forêts, car ils régulent les populations de cervidés bien mieux que les humains.
Cette étude pose ainsi des questions sur la façon dont cohabitent les humains avec la faune sauvage, la façon de dépasser les clivages et l’importance vitale de reconnaître la valeur intrinsèque de chaque espèce dans l’équilibre d’un écosystème.
Si nous, humains, sommes facilement émerveillés par l’apparition de cervidés à l’orée d’un bois, leur prolifération a des conséquences majeures dont les forestiers sont les premiers témoins. En effet, ils broutent les jeunes pousses, ce qui empêche la régénération des forêts, compactent les sols, dévorent la végétation du sous-bois ce qui entraîne la disparition ou forte raréfaction de nombreux invertébrés, dont les insectes pollinisateurs, et par ricochet les vertébrés qui mangent ces insectes, comme les oiseaux.
La prolifération des cervidés, mais aussi d’autres espèces comme les sangliers, a également des conséquences sur l’agriculture, pour des dégâts occasionnés d’environ 20 millions d’euros en 2022 en France.
Pourtant, le but de l’étude n’est pas de dénoncer les impacts des cervidés, mais bien de démontrer le rôle essentiel des loups dans l’équilibre écosystémique des forêts et montagnes. Un équilibre écosystémique d’un milieu ne se cantonne pas à la simple addition des individus qui le composent, mais inclue bien la dynamique des relations et comportements des espèces animales et végétales.
Ainsi, la présence du loup oblige leurs proies à se concentrer sur les plantes les plus nourricières et à se déplacer régulièrement pour éviter d’être repérées et pourchassées. Ce comportement dédié à gérer le risque de prédation est nommé « écologie de la peur » et permet à la flore d’avoir le temps et l’espace nécessaire pour se régénérer.
« Et protéger les forêts, c’est protéger le cycle de l’eau, donc la vie. » nous expliquait un forestier dans une tribune poignante
En France, le débat fait rage entre « pro et anti-loups ». Premiers concernés, les bergers voient leurs troupeaux de plus en plus souvent attaqués par les prédateurs, ce qui met en difficulté leur travail, déjà très éprouvant et difficile, et leur cause des traumatismes émotionnels. Ils sont donc nombreux, notamment chez la Confédération Paysanne, à demander une politique de régulation de l’espèce.
A l’inverse, les associations de protection des animaux, comme cette étude scientifique, militent pour favoriser le retour des prédateurs naturels grâce à la mise en place de continuités écologiques entre les territoires, et surtout « une réforme majeure et en profondeur du monde de la chasse en France, dont la gestion de la faune sauvage est tout entière tournée, non pas vers la nature, mais vers les seuls intérêts des chasseurs qui, en se targuant d’être les « premiers écolos de France », sont en réalité davantage des ennemis de la biodiversité » comme le dénonce l’ASPAS.
Le retour du loup pourrait marquer un tournant contre l’apocalypse écologique en cours si on comprend son comportement et respecte son intelligence. Si l’humain apprend à le guider vers les animaux sauvages plutôt que les troupeaux domestiques, et laisse à chaque espèce la possibilité d’habiter le territoire.
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