Mai 2024, un cadavre de pygargue à queue blanche est découvert près d’un étang des Ardennes. Il faisait l’objet d’un programme de réintroduction dans le milieu naturel mené par le parc animalier Les Aigles du Léman, qui assurait le suivi des balises posées sur les rapaces. Après enquête de l’Office Français de la Biodiversité, une perquisition dans une pisciculture des Ardennes mène à la découverte et à la saisie de dizaines de kilos de pesticides interdits. Le pisciculteur et son employé fabriquaient des appâts mortels pour les oiseaux en empoisonnants au carbofuran des poissons morts qu’ils répartissaient autour des étangs.
Des pertes immenses pour la biodiversité
Cet appatâge a conduit à la destruction de plusieurs espèces protégées, notamment une cigogne noire et un pygargue à queue blanche. En France, comme le relaie la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), la population de pygargue est extrêmement restreinte (environ trois couples reproducteurs). Malgré ce statut, les destructions de pygargues restent fréquentes.
Si la Cigogne noire est plus présente en France que le pygargue, elle demeure une espèce menacée, classée en danger sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de France métropolitaine. Selon les données du Muséum national d’Histoire naturelle, il s’agit en outre d’une espèce déterminante de l’inventaire ZNIEFF de la région Champagne-Ardenne, c’est-à-dire une espèce suffisamment intéressante pour montrer que le milieu naturel qui les héberge présente une valeur patrimoniale plus élevée que les autres milieux naturels environnants.
En outre, de nombreuses espèces protégées ont pu pâtir de cet appatâge : hérons, aigrettes, bihoreau, … se nourrissant sur les bords des étangs. Si les pisciculteurs affirmaient viser les cormorans, ces derniers, n’étant pas charognards comme la rappelé l’OFB à l’audience, n’étaient en réalité pas visés par appatâge, et apparaissent comme les boucs-émissaires de l’affaire.
Photo : pygargue, centre France, ©JBDumond2021