La prochaine Convention pour la diversité biologique (COP 16) se tiendra du 21 octobre au 1er novembre en Colombie. La France y présentera-t-elle fièrement sa Stratégie nationale biodiversité, à laquelle le projet de lois des finances vient de couper les vivres ?
Les 196 Etats signataires du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté lors de la précédente COP15 fin 2022, se sont engagés à enfin mobiliser des moyens adéquats pour enrayer la dégradation accélérée de l’environnement, en protégeant les espèces sauvages et les écosystèmes naturels.
Présentée par la Première Ministre Elisabeth Borne en novembre 2023, la Stratégie nationale biodiversité (SNB) 2030 entend répondre à cet objectif pour la France. Elle prévoit notamment la mise en œuvre de 40 mesures concrètes issues d’une réflexion collaborative et organisées autour de quatre grands axes : la réduction des pressions sur la biodiversité, la restauration des milieux naturels, la mobilisation des acteurs et la garantie des financements nécessaires pour atteindre ces objectifs. De façon cohérente, des ressources supplémentaires y ont été allouées dans le budget 2024, avec une hausse programmée en 2025 pour accélérer la réalisation des actions prioritaires.
Mais ces engagements gouvernementaux n’ont pas résisté longtemps aux soubresauts politiques et à la crise économique. Sur les 264 millions d’euros prévus pour la SNB par le Parlement dans le cadre de la Loi de finances 2024, près de la moitié sont déjà annulés ! La version 2025 présentée ce 10 octobre par Michel Barnier vient d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la transition écologique, amputée de près de 2 milliards d’euros, dont 1,5 milliards retirés du Fond vert destiné aux collectivités locales. Aucun autre secteur de l’action publique ne pourrait survivre à un tel sabotage budgétaire.
En coupant les crédits de manière aussi drastique, le gouvernement n’ignore pas casser toute la dynamique enclenchée dans les territoires. L’urgence écologique est reléguée au second plan, alors que les experts internationaux de la Plateforme intergouvernementale pour la biodiversité (IPBES) alertent rapport après rapport sur l’effondrement du vivant.
La préservation de la nature ne peut pas être hypothéquée au profit d’économies budgétaires de court terme. L’enjeu est trop important : garantir une planète vivable à nos enfants. Sacrifier la biodiversité, c’est sacrifier l’avenir.
Photo : argus bleu, ©JBDumond2024