Vulpes vulpes, canidé brun-roux de petite taille, est reconnu pour sa ruse, il est l’incontournable filou et farceur des mythes et folklores de tous les peuples qu’il côtoie. Son nom français, « renard », vient du prénom germanique « Reinhart », qui signifie « habile en conseil, hypocrite ». Révélateur, non ?
Voleur, malin et créature du diable : sa couleur est rousse, mélange entre le rouge du péché et le jaune du mensonge et de la maladie. Ces jugements relèvent des anciennes traditions européennes judéochrétiennes, et leur propos reflète la tumultueuse relation homme/ renard dans l’histoire européenne. Porteur de nombreuses maladies (rage, gale, échinococcose) et prédateur d’espèces domestiques, le renard a subi de longues persécutions depuis le XVIIe siècle. Mais il est fidèle à ses remarquables facultés d’adaptation : ni les campagnes de destruction, ni les déforestations des siècles précédents, ni la raréfaction du petit gibier n’ont eu raison de lui.
Alors quelle est l’utilité du renard ? Celle d’un méso-prédateur. La prédation est fondamentale pour le bon fonctionnement d’un écosystème et d’une population de proies. Ces dynamiques doivent être connues pour éviter que la prédation du renard (surtout portée sur les rongeurs) ne se tourne sur le petit bétail ou des espèces sauvages fragiles.
Suivre, étudier et donc connaître la faune sauvage et ses dynamiques est un métier (chercheur ou zootechnicien) dont la finalité est bien plus complexe que « il faut tirer le renard ou il ne faut pas ». Elle dépasse les discours militants et les formules toutes faites. Car tout dépend de la place que l’on occupe. Le céréalier, l’éleveur de ruminants en extensif et le maraîcher auront tout à gagner à s’appuyer sur les qualités de régulateur du renard pour l’entretien des prairies. En revanche, pour élever les volailles et pour l’agnelage, il sera important de maintenir à distance le renard. Car cela fait partie des comportements normaux entre compétiteurs. Placer le renard dans un rapport avec l’humain qui sera du même type que celui que le renard va entretenir avec le loup, le lynx, l’aigle royal. C’està-dire garder une compétition entre animaux qui construit l’équilibre et la répartition des forces. Comme tous les prédateurs, le renard nous déroute dans notre perception fabulée de la nature. Il n’est ni un nuisible ni un ami (termes anthropocentrés). Il apporte la nuance, la transgression, la remise en question. Mais surtout, il oblige l’homme à assumer son animalité, à s’adapter à la réalité complexe de la vie… et donc de la mort.
Hadrien Raggenbass, Ingénieur et technicien spécialiste des prédateurs
Sommaire
• Le renard roux, vulpes vulpes p.2
• Amélioration de nos pratiques p.9
• Portrait p.12
• Conseil de lecture p.16