Le verdict est tombé : le tribunal correctionnel de Valence condamne ce jeudi 24 octobre 2024 quatre prévenus impliqués dans l’empoisonnement d’un loup dans la Drôme (26). FNE AURA, partie civile dans cette affaire aux côtés de plusieurs autres associations, se félicite de cette décision à l’heure où l’état de conservation du loup en France se dégrade de façon inquiétante.
Une condamnation à la hauteur des faits
Les quatre prévenus devront répondre de leurs actes.
Un éleveur, également conseiller municipal et référent local du Réseau Loup/Lynx de l’OFB, a été condamné à 1 an de prison avec sursis, 5 ans d’interdiction de permis de chasser et 5 ans d’interdiction de port d’arme pour avoir utilisé du carbofuran, un insecticide hautement toxique dont l’utilisation est interdite en France depuis 2008, pour empoisonner un loup, puis pour avoir transporté et dissimulé son cadavre plusieurs mètres sous terre. Il est également condamné pour avoir tenté d’empoisonner des loups au début de l’année 2022.
Deux éleveurs, dont l’un est membre du bureau de l’Association Communale de Chasse Agréée (ACCA), ont été condamnés à 4 mois de prison avec sursis pour avoir aidé à transporter et dissimuler, plusieurs mètres sous terre, le cadavre du loup empoisonné.
Enfin, un quatrième prévenu qui avait fourni le poison a été condamné à 1.000 euros d’amende dont 500 euros avec sursis pour détention illicite de produit phytopharmaceutique non autorisé.
Ils ont solidairement été condamnés à verser une somme totale de plus de 20.000 euros aux associations parties civiles.
Le braconnage, un fléau pour les loups de France
Pour rappel : le loup, espèce protégée en Europe, subit une part croissante de braconnage en France. En effet, toutes les informations qui remontent du terrain confortent l’hypothèse d’une intensification des actes de braconnage, et en particulier des empoisonnements. Or, sa destruction, hors des cas dérogatoires autorisés, constitue un délit. Toute destruction illégale met en péril l’état de conservation de l’espèce en France. Comme l’explique Roger Mathieu, co-référent Loup FNE AURA « En France, l’état de conservation du loup n’est pas bon et se dégrade. Le taux de survie des individus est désormais très faible : aujourd’hui, sur 10 loups vivants au 1er janvier, 5 seront morts au 31 décembre. À côté des 20% de loups qui sont abattus légalement chaque année, les destructions illégales pourraient doubler ce chiffre. »
France Nature Environnement Auvergne Rhône-Alpes a d’ailleurs récemment alerté l’opinion publique (Communiqué de presse du 23 juillet 2024 Avenir des loups de France : les clignotants passent au rouge) sur la dégradation inquiétante de l’état de conservation du loup en France, espèce protégée qui fait l’objet d’un Plan d’action national. Le fléau du braconnage pourrait en effet détruire illégalement, chaque année, entre 100 et 200 loups. Un chiffre qui vient s’ajouter aux 209 loups qui seront abattus légalement sur le territoire national d’ici fin 2024.
La Fédération de Chasse, grande absente sur le banc des parties civiles
La méthode de braconnage par empoisonnement utilisée, outre sa brutalité, est sans conteste la plus dévastatrice pour la faune. Ce procédé tue, sans distinction et en cascade, tous les animaux sauvages et domestiques qui ingèrent l’appât empoisonné ou consomme un animal tué par le poison. Pour autant, la Fédération Départementale des Chasseurs de la Drôme (FDC 26) ne s’est pas constituée partie civile dans cette affaire. Une absence qui pourrait s’expliquer par l’implication de membres d’associations communales de chasse agréées (ACCA), dont la gestion est assurée statutairement par la FDC 26.
« L’affaire drômoise révèle l’existence d’un réseau de braconnage très organisé composé de chasseurs, d’éleveurs et d’élus de la République ; elle ne représente certainement qu’une toute petite fraction de la partie émergée de l’iceberg du braconnage. » Roger MATHIEU, co-référent Loup FNE AURA
Photo : ©JBDumond2023