Les populations de poissons se sont effondrées ces dernières années dans la rivière bretonne, obligeant les autorités à prendre une décision forte
On en pêchait à profusion dans tous les fleuves et les rivières jusqu’au début du XXe siècle. Mais comme beaucoup d’espèces, le saumon sauvage de l’Atlantique se fait désormais bien rare. A cause du dérèglement climatique bien sûr, avec le réchauffement des eaux douces et marines et la raréfaction de ses proies. Et de l’activité humaine aussi, avec la surpêche en mer et la pollution des cours d’eau.
Quelques territoires comme la Normandie, le Pays basque ou la Bretagne faisaient pourtant encore office de sanctuaires pour le roi des rivières. Ce n’est plus le cas. Dans les rivières bretonnes, les pêcheurs constatent depuis longtemps la raréfaction de l’espèce avec quatre fois moins de saumons sur les trente dernières années. « Et ce phénomène s’est encore accentué sur les trois dernières années avec des résultats catastrophiques », s’inquiète Pierrick Courjal, président de la fédération de pêche du Morbihan.
Les pêcheurs « pas responsables du déclin de l’espèce »
Face à ce constat dramatique, les autorités ont tranché. En 2025, la pêche au saumon sera ainsi interdite dans toutes les rivières bretonnes ainsi que dans leurs estuaires et en mer. Une décision radicale qui agace profondément les pêcheurs, estimant qu’ils « ne sont pas responsables du déclin » de l’espèce. Ils pointent notamment du doigt les braconneurs qui pêchent illégalement le saumon sauvage et réclament « des opérations de contrôle plus importantes » pour lutter contre ce fléau. Priés d’oublier le saumon l’an prochain, ils s’inquiètent aussi pour la suite. « Avant toute mesure de fermeture, il convient de définir en amont les conditions d’une éventuelle réouverture », prévient Pierrick Courjal.
Du côté d’Eau et rivières de Bretagne, on salue en revanche « une mesure de responsabilité ». « Cette suspension est une mesure de bon sens, indispensable mais pas suffisante », souligne Arnaud Clugery, porte-parole de l’association, demandant à l’État « d’accélérer et d’intensifier la lutte contre le changement climatique ».
La pêche commerciale aussi interdite dans l’Adour
En plus de la suspension de la pêche, Eau et Rivières de Bretagne réclame notamment « le renforcement de la prévention des rejets dits accidentels de lisier qui tuent chaque année des dizaines de kilomètres de nos cours d’eau » ou « une politique de contrôle de la réglementation en rivière et en mer ». « Sans ces mesures, le saumon aujourd’hui symbole de la richesse du patrimoine naturel de la Bretagne, pourrait bien disparaître totalement », alerte Arnaud Clugery.
La région Bretagne n’est pas la seule à opter pour la méthode forte pour tenter d’enrayer le déclin de l’espèce puisqu’une décision de justice rendue il y a une semaine vient d’interdire la pêche commerciale du saumon dans les eaux de l’Adour, entre les Landes et le Pays basque.
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