COP16 biodiversité : le monde adopte de justesse un plan pour financer la sauvegarde de la nature

Au dernier jour des prolongations de la COP16, les pays riches et le monde en développement se sont résignés à des compromis mutuels pour adopter un plan de travail sur cinq ans

« C’était un chemin difficile pour en arriver là », a rappelé la présidente de la conférence, Susana Muhamad. Quatre mois après un échec retentissant en Colombie, les pays du monde ont arraché à Rome un compromis délicat sur le financement de la sauvegarde de la nature, jeudi 27 février. « C’est adopté », a annoncé Susana Muhamad(Nouvelle fenêtre), également ministre de l’Environnement colombienne, en donnant un traditionnel coup de marteau longuement applaudi par la plénière à Rome. « Bien joué », a-t-on pu entendre dans l’audience.

Ils ont ainsi évité de justesse un nouveau fiasco pour le multilatéralisme environnemental. « C’est une victoire pour la protection de la biodiversité et c’est une victoire politique contre tous ceux qui veulent nous faire croire que la coopération internationale ne fonctionne pas pour défendre l’environnement », a réagi la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.

Au troisième et dernier jour des prolongations de la COP16 des Nations unies sur la biodiversité, les pays riches et le monde en développement se sont résignés à des compromis mutuels pour adopter un plan de travail sur cinq ans, censé débloquer les milliards nécessaires pour stopper la destruction de la nature et mieux distribuer l’argent aux pays en développement. « Nos efforts montrent que le multilatéralisme peut être porteur d’espoir dans une période d’incertitude géopolitique qui leur est attachée », a salué le ministre de l’Environnement canadien, Steven Guilbeault.

Les indicateurs pour vérifier les efforts de l’humanité adoptés

Dans la foulée, les pays ont aussi adopté des règles et des indicateurs fiables censés mesurer et vérifier les efforts de l’humanité pour sauver la nature, d’ici la COP17, en 2026 en Arménie. « J’annonce que nous avons donné des bras, des jambes et des muscles » à la feuille de route de Kunming-Montréal, par laquelle les pays se sont engagés en 2022 à réaliser 23 objectifs pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030. Le plus emblématique de ces objectifs vise à placer 30% des terres et mers dans des aires protégées (contre respectivement 17% et 8% actuellement, selon l’ONU).

Pour financer cette stratégie, les pays doivent porter à 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 les dépenses de protection de la nature, dont 30 milliards doivent être apportés par les nations développées aux pays pauvres (contre environ 15 milliards en 2022). L’accord arraché à Rome renvoie à 2028, lors de la COP18, le soin de décider s’il faut créer un nouveau fonds dédié et placé sous l’autorité de la Convention sur la diversité biologique, comme le réclament avec force les pays africains. Ou si les instruments existants, comme le Fonds mondial pour l’Environnement, peuvent être réformés pour être plus accessible et équitable pour les pays en développement.

« Ce texte est une victoire des positions défendues par la France. Il ne crée pas de fonds, ce qui était notre ligne rouge et ce qui aurait ajouté à la dispersion de la finance mondiale de la biodiversité », a toutefois déclaré Agnès Pannier-Runacher. Il permet aussi « une mobilisation de toutes les ressources, nationales et internationales, privées et publiques », a-t-elle également noté, avant de saluer « l’élargissement de la base des donateurs, ce qui est une invitation aux pays émergents à contribuer davantage au financement mondial de biodiversité ».

Source : France Info