Refus espagnol du transfert des orques de Marineland, un signal fort pour mettre fin à la captivité

L’Espagne bloque le transfert de Wikie et Keijo vers Loro Parque. Un tournant dans la lutte de One Voice contre la captivité des cétacés.Jeudi 10 avril 2025, les autorités espagnoles se sont opposées à un refus définitif au transfert des orques de Marineland d’Antibes vers Loro Parque. Une décision salutaire, fruit d’une mobilisation de longue haleine.

Marineland prévoyait de déplacer Wikie, Keijo et plusieurs autres animaux dans des delphinariums à la réputation douteuse, sans communiquer ouvertement la date de celui-ci. Grâce à une enquête de terrain et à la pression diplomatique, One Voice a contribué à faire échouer ce transfert. Ce revers doit marquer un tournant. Les cétacés de Marineland ne doivent plus jamais revivre l’enfer des bassins.
One Voice exige leur placement en sanctuaires.

Un refus catégorique qui change la donne

Depuis l’adoption de la loi de 2021 interdisant les spectacles avec cétacés à partir de fin 2026 – et alors même que cette loi fournit de nombreuses échappatoires à l’industrie de la captivité pour s’y soustraire –, Marineland, désormais fermé au public, cherche désespérément à se séparer des animaux et de ses produits d’appel les plus louables : les orques. Les solutions proposées, notamment leur transfert vers des delphinariums à la réputation douteuse, ne font qu’allonger leur captivité dans des bassins de plus en plus exigus. Le refus espagnol marque un tournant décisif.

Depuis des années – et de manière croissante ces derniers mois –, Marineland faisait pression sur le gouvernement avec un chantage à l’emploi écoeurant, mentant éhontément à son personnel, aux autorités comme au public. Rien dans la loi ne l’empêchait de maintenir orques et soigneurs sur place, si ce n’est un manque de rentabilité de plus en plus visible dans les gradins d’Antibes. Une prise de conscience accélérée grâce au travail ininterrompu des défenseurs des animaux, qui sensibilisent sur la souffrance des cétacés captifs et dressés.

Préparatifs en secret, départ imminent

Depuis le début du mois – et plus encore depuis la fin de l’expertise judiciaire que One Voice a obtenu et qui empêchait le départ de Wikie et Keijo – nous suivons attentivement les préparatifs intensifs mis en place par le delphinarium azuréen, bien décidé à se débarrasser le plus rapidement possible des orques, dauphins, otaries, flamants roses, requins et tortues de Marineland.

Pendant dix jours, des entraînements, déplacements, travaux d’ouverture de passages et élagages d’arbres ont été observés.
Le démontage de l’arche du Lagon a notamment été réalisé en une matinée. Le bassin médical des orques a été en grande partie vidé alors qu’elles étaient à l’intérieur, puis remplis à nouveau, en vue de leur transfert. De même, les soigneurs frottaient le tissu du brancard de soulèvement sur la peau des orques pendant leurs repas pour les habitués à son contact.

Mercredi 9 avril au soir, après le départ de plusieurs otaries, et après avoir ouvert l’accès au bassin du Lagon où se trouvent la plupart des dauphins, deux poids lourds se sont garés dans le parc. Le lendemain matin, aux alentours de 8h, un camion équipé d’un bras télescopique s’est arrimé au sol près du bassin des orques et à une sortie des camions les caissons de transport destinés à Wikie et à son fils. À 11h, l’opération était terminée. Tout était en place pour un départ imminent des orques, des dauphins et de Fox, l’otarie de Steller.

La liste des transferts révélée

Sharky (la plus foncée des dauphins du bassin des spectacles) et Malou (la jeune mère), originaires du milieu sauvage, devaient rester en Europe. Elles devaient être envoyées à Loro Parque (Espagne), accompagnées des orques Wikie et Keijo, et de Fox, le grand mâle otarie de Steller.

Tex, Anya, Joey, Néo et Kay, les dauphins du bassin du Lagon – qui déjà d’Espagne (Madrid ou Valence) – devaient faire escale au Zoo de Madrid, puis rejoindre Hainan, en Chine. La petite de Malou, ainsi que les autres dauphins du bassin des lunettes, devaient les accompagner.

L’Espagne dit non à l’enfermement

Un coup de théâtre plus que bienvenu : le salut est venu d’un acteur inespéré : l’autorité sanitaire espagnole. Après que nous avons alerté sur les dangers que représentait, pour le bébé de Morgan tout juste né à Loro Parque, l’arrivée de deux orques françaises présumées malades – partageant la même eau et des interactions forcées – l’Espagne a mis son véto. Jeudi soir, avant 20h, le transfert des orques et des dauphins a été bloqué définitivement.

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a naturellement demandé à Parques Reunidos, propriétaire de Marineland, d’assurer la continuité des soins. C’est une excellente nouvelle, mais cela est loin d’être suffisant. Un plan concret et humain, avec des financements et un engagement politique fort, est indispensable.

Nous réitérons notre proposition de faire venir au bord des bassins du personnel compétent pour soigner les deux orques. L’expertise judiciaire que nous avons obtenu une démonstration de l’absence de soins appropriés correspondant à il est urgent de remédier pour éviter que Wikie et Keijo continuent de souffrir avec des risques mortels.

Des sanctuaires, pas des bassins

One Voice appelle une nouvelle fois les autorités françaises à assumer leurs responsabilités. Les orques et les dauphins de Marineland ne doivent pas être envoyés vers d’autres prisons aquatiques. Il ne faudrait pas que la ministre revienne sur son engagement de ne pas accepter l’envoi de Wikie et Keijo en Asie.

Toute solution autre qu’une exploitation sans fin doit désormais être envisagée.
Ils méritent d’être transférés vers des sanctuaires adaptés en cours de création, que ce soit en Nouvelle-Écosse ou ailleurs. Celui de Lipsi, en Grèce – partenaire de longue date de One Voice pour l’accueil des dauphins de Marineland – en est un exemple.

Ces sanctuaires, bien que délimités par des filets fixés au sol marin, offrent un contact direct avec la mer, un environnement naturel, et la possibilité d’apprendre à vivre autrement que dans le stress et la privation. Une semi-liberté, avec le goût du large, sans dressage, où les soins vétérinaires et la nourriture sont assurés par des professionnels compétents.

Nous exigeons que la France saisisse cette opportunité pour tourner la page d’une époque où la captivité des cétacés était tolérée. Il est temps d’agir pour que Wikie, Keijo et les autres n’aient pas souffert en vain. One Voice reste vigilante et continue de lutter pour le bien-être des cétacés de Marineland, en appelant à des solutions respectueuses de leur dignité et de leur liberté.

Ce refus espagnol ouvre une brèche dans le système fermé de la captivité. Il est temps pour la France d’assumer ses responsabilités : aucun cétacé ne doit être renvoyé dans un bassin. One Voice réclame leur placement dans des sanctuaires adaptés , en Europe ou au Canada, où ils pourront enfin retrouver un semblant de liberté. Nous appelons le public à signer notre pétition pour les orques de Marineland .