Quel cheminement personnel jusqu'à l'animal sauvage ?
J’ai débuté la photo tardivement à l’âge de 25 ans, j’ai malgré tout baigné dans la nature depuis ma naissance. Pour mes parents, mes deux frères et ma sœur la nature était une évidence encrée depuis des générations. De ce fait sans le savoir je me préparais à ma future passion, l’observation de la faune sauvage. La photographie n’étant qu’une finalité.
Comme tout débutant j’ai bien galéré et j’ai mis du temps à vraiment maitriser un peu l’art de photographier la nature. La barre était haute car j’étais un piètre naturaliste et je n’y connaissais pas plus en photo. J’ai donc comme beaucoup essayé d’être au plus près du sujet pendant de nombreuses années. Puis j’ai été pris d’une véritable frénésie pour le chat sauvage à tel point que pendant 5 ans je ne déclenchais presque que pour le petit félin.
Puis j’ai troqué mon boitier contre une caméra pendant 4 années. En 2014 j’ai repris la photo et se fut pour moi un véritable « déclic », ma vue, mes cadrages, mes envies, mes inspirations avaient changé. Ces 4 années avaient forgé en moi une nouvelle vision de la photographie, plus simple, plus épurée, plus artistique, peu importe le sujet.
J’ai donc mis 25 ans à cheminé vers l’animal sauvage.
Un maître à penser ?
A mes débuts j’avais aussi acheté un peu de littérature comme le livre « les mammifères de Lorraine » … Ma bible à l’époque. En couverture de ce livre trônait un magnifique chat sauvage qui fermait un œil, cette image a été pour moi un véritable graal.
Puis je suis entré dans une association photo en Lorraine, à ma première réunion dans les années 90, devant moi à 50 cm se tenait Michel et Vincent Munier les auteurs de cette image de chat. J’ai donc pour ainsi dire été à bonne école avec de nombreux autres photographes talentueux et surtout de très bon naturalistes comme François Nowicki , Frédéric Fève, Denis Richard Blackbourn et bien d’autres.
C’est donc un peu tous ces gens qui ont été mes maîtres à penser.
Une œuvre marquante ?
Photographier les animaux Albert Visage Claude Jardel 1999
Si j'étais un animal sauvage ?
Je serais évidement un chat sauvage, animal raffiné, discret, précieux, secret et j’aimerais avoir aussi ses trait de caractère...
Une belle émotion ou rencontre avec la faune ?
J’étais un jour en train de filmer une renarde en chasse, puis soudainement elle s’est mise à faire des bons tout en fixant un point précis en dessous du talus. Elle a fini par rentrer en forêt, je me suis levé et mon cœur s’est arrêté. Le lynx se tenait à 50m plus bas assis en lisière.
Cette rencontre avec le lynx reste assurément ma plus grosse montée d’adrénaline.
Un animal disparu qui reviendrait ?
Il y a déjà tellement d’espèces vivantes que je n’ai pas vu donc je vais me contenter de ce beau royaume sauvage.
Un animal fantastique qui existerait ?
Animal qui serait capable de résister aux balles des chasseurs et de défendre avec les mêmes droits que les hommes son territoire.
La photo ou la série à laquelle vous tenez particulièrement ?
Une photo d’un groupe de grives litornes presque techniquement parfaite, une des rares images que je peux qualifier ainsi. Cette image a reçu de nombreux prix et a été finaliste au prestigieux Wildlife Photographer of the Year.
Spot préféré ?
Une petite clairière pas loin de chez moi. Elle n’est pas super bien éclairée mais j’y suis bien, tout peu arriver dans cet endroit.
Plutôt solitaire matinal pour profiter du moment où accompagnateur de groupe pour partager ?
J’aime être seul car je suis mieux concentré et je prends mes propres décisions. Mais il arrive que des amis m’accompagnent et c’est aussi un très bon moment de partages.
Par contre j’organise à coté des stages photos donc forcément j’ai l’habitude de transmettre mon expérience.
Ma maman qui à 82 ans est une passionnée de nature et de photo également. Je lui ai transmis cette passion quand elle avait 70 ans c’est pour moi un véritable bonheur de découvrir à chaque fois ses images. Mes parents m’ont appris l’amour de la nature et c’est pour moi un immense honneur de lui avoir transmis mes connaissances.
Un lieu mythique ?
Un endroit sans routes, sans maisons, sans barrières …
Et la technique ?
J’ai vécu la transition diapo, numérique et j’avoue que j’étais très sceptique à l’époque, c’était en 2006.
Mais franchement c’est un vrai changement tant en termes de qualité que financier. J’ai longtemps eu un 500 mn comme optique puis, j’ai changé pour un 300 plus exactement un 120 300 2.8 Sigma, une optique qui me permet une grande créativité sur le terrain. Comme boitier j’ai un 80D voila c’est un matériel plutôt modeste et ça va très bien comme ça !
Des urgences ?
Je me préoccupe vraiment de ce que notre planète subit actuellement, c’est vraiment triste et nous sommes complètement impuissants devant cette tragédie. Alors j’essaye à mon petit niveau de montrer la nature, d’expliquer pour que les gens comprennent que ce monde sauvage n’est pas inépuisable.
Je suis naturellement opposé à la chasse comme elle se pratique de nos jours et je milite à travers mes films, mes conférences, pour mettre en avant l’utilité de nos petits carnivores (renards, martres, chat sauvages ect..) qui sont trop souvent exterminés par des « chasseurs défenseurs de la nature »
Des conseils ?
Ne pas penser que le matériel fait tout, il faut surtout faire preuve d’humilité face à la nature.
Ne jamais se comparer aux autres, il faut aimer être dans la nature avant tout et il ne faut surtout pas que se soit une course à la plus belle image avec le plus bel objectif et des milliards de pixels
Une association à mettre en avant ?
Pour conclure le chapitre (Des urgences) je soutiens l’Aspas http://www.aspas-nature.org/ ou Férus http://www.ferus.fr/ en donnant mes images pour leurs actions de protection de la nature.
Une suggestion pour aider à sensibiliser le grand-public ?
Il n’y a pas que la banquise qui disparait, notre nature à nous aussi est en danger alors protégeons notre patrimoine naturel tout près de chez nous !
Pour conclure ?
La photographie de nature est une vraie thérapie de vie dans ce monde tumultueux et instable. J’ai chaque jour envie d’en profiter un maximum et je ne suis pas prêt d’arrêter d’avoir envie de découvrir, comprendre, aimer !!
Il expose son travail dans les plus grands festivals depuis 20 ans, et il est régulièrement publié dans plusieurs magazines comme « Images et Nature » et « Nat’Images » "Wakou" etc..
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