Depuis 1987, le bateau de l’organisation écologiste Greenpeace, saboté par les services secrets français, repose dans un endroit paisible à la pointe Nord-Est de la Nouvelle-Zélande. Arc-en-ciel de couleurs, il est devenu un refuge pour de nombreuses espèces de poissons.
L’arc-en-ciel qui décorait la proue du célèbre bateau de Greenpeace a perdu sa superbe, l’érosion a abîmé peu à peu la peinture. Mais depuis qu’il a été remorqué à environ 200 kilomètres d’Auckland, lieu de l’opération clandestine perpétrée le 10 juillet 1985 par le service Action de la DGSE française (Direction générale de la sécurité extérieure), le bateau s’est progressivement paré de nouvelles et vivaces couleurs.
Immergé lors d’une cérémonie maorie
Après le scandale mondial provoqué par cette opération, après l’enquête criminelle, après le passage des assurances qui avaient déclaré le bateau irréparable, le Rainbow Warrior a été immergé paisiblement il y a vingt-huit ans, à l’aide de ballasts, à l’issue d’une cérémonie maorie traditionnelle. Au large des îles Cavalli, il repose aujourd’hui sur un fond de sable, à 28 mètres de profondeur.
Un arc-en-ciel vivant
Autour, il n’y a rien. La vie n’existe que grâce à cette épave, devenue un sanctuaire extraordinaire. Comme si toutes les larves éparpillées dans l’océan s’y étaient donné rendez-vous. Elles se sont développées, accrochées à la coque métallique, donnant naissance à un sublime arc-en-ciel vivant, mélange de faune et de flore.
L’épave de 40 mètres de long est recouverte d’anémones, de coraux et d’éponges multicolores. De gigantesques laminaires battent la mesure dans le courant. Priacanthes et pampheris endémiques offrent un festival, bien abrités dans la cale. A l’extérieur, labres, vivaneaux, carangues, mamao bleus et demoiselles exhibent leurs robes colorées. Chaque anfractuosité est un refuge pour une murène, une langouste, un ver turbicole. Enfin, sur la tôle, on aperçoit des limaces de mer. De sa dernière demeure, le Rainbow Warrior poursuit finalement sa mission initiale : protéger la nature.
Martine Carret / Le Parisien