Le WWF appelle à une meilleure gestion du Sanctuaire Pelagos pour davantage de ressources et d'actions partagées

Le Colombus en mer dans le Sanctuaire Pelagos<br />© Frédéric Bassemayousse / WWF France

16 ans après l'instauration du Sanctuaire Pelagos, le WWF, à travers son rapport « Sanctuaire Pelagos : évaluation et propositions », souligne le besoin crucial d'une meilleure gestion de cet espace marin abritant de nombreux cétacés en Méditerranée.
 

Afin de permettre une meilleure protection des baleines, cachalots et dauphins du Sanctuaire, et assurer la durabilité des activités de la zone, le WWF démontre la nécessité : 

  • d'une gouvernance renforcée,
  • d'un plan de gestion révisé et plus opérationnel,
  • d'investissement de ressources économiques plus importantes,
  • d'une définition des objectifs plus précise,
  • et enfin, d'une  meilleure gestion du trafic maritime afin d'endiguer les risques de collisions entre navires et baleines dans le Sanctuaire Pelagos et les zones limitrophes.  

 

Seul 1% de la mer Méditerranée est actuellement sous protection. Grâce au renforcement du fonctionnement du Sanctuaire Pelagos, ce niveau de protection pourrait atteindre 4,5%.

 

Le Sanctuaire manque d'un véritable organisme de gestion et de ressources économiques suffisantes : seuls 6 centimes d'euros par an et par hectare lui sont alloués alors que, selon l'UICN, une aire protégée de cette grandeur devrait avoir un budget entre 32 et 110 euros par an et par hectare.  

 

Au cœur du Sanctuaire Pelagos, à Monaco sur le voilier historique Palinuro, Donatella Bianchi, présidente de WWF Italie, Isabelle Autissier, présidente de WWF France et Giuseppe Di Carlo, directeur de l'Initiative Marine Méditerranéenne du WWF, ont ainsi présenté son évaluation et plusieurs propositions. Sabina Airoldi de l'Institut Thetys a également présenté les résultats de recherches menées sur les baleines.  

 

« Nous souhaitons que Pelagos devienne un exemple international de conservation de la biodiversité marine » a déclaré  Isabelle Autissier, présidente du WWF France, « et pour cela nous demandons de renforcer  la collaboration entre les Etats signataires : l'Italie, la France et la Principauté de Monaco ; en respectant l'engagement international et en procédant à une gouvernance élargie du Sanctuaire au travers d'une pleine implication des Aires Marines Protégées françaises et italiennes et des associations environnementales. C'est un défi que nous souhaitons lancer car nous pensons qu'après 16 ans d'existence il est enfin arrivé le moment d'une véritable avancée ». 

 

Le Sanctuaire Pelagos connaît un trafic maritime intense et les collisions avec les navires représentent la première cause de mortalité non naturelle pour les grands cétacés : 16 à 20 % des Rorquals communs retrouvés morts ont été tués suite à une collision, et les scientifiques estiment que 8 à 40 Rorquals communs sont tués chaque année dans la seule Méditerranée Nord-Occidentale, ce qui est considérable pour cette population classée comme vulnérable par l'UICN. 

 

A moyen terme, l'inscription de la zone du Sanctuaire Pelagos sur la liste des Zones Maritimes Particulièrement Vulnérables permettrait de fournir les bases réglementaires pour une meilleure protection des cétacés vis-à-vis des collisions. Une étude socio-économique est en cours qui permettra de quantifier les impacts économiques d'éventuelles mesures de réduction de la vitesse des navires à proximité des cétacés dans le sanctuaire Pelagos. Elle permettra de fournir des bases scientifiques, objectives et partagées à la mise en place des mesures accompagnant la création d'une ZMPV.

 

« Cette année nous avons salué la première rencontre internationale des communes adhérentes à la Charte de Partenariat du Sanctuaire Pelagos, à Livourne, en juin » a déclaré Giuseppe Di Carlo, directeur de l'Initiative Marine du Programme Méditerranée du WWF. « En cette occasion, tous les acteurs nationaux et le gouvernement italien ont fait part de leur volonté de renouvellement de leur engagement dans la zone ». 

 

Le WWF espère que ses propositions seront prises en considération et acceptées lors de la prochaine Conférence des Parties du Sanctuaire Pelagos, qui se tiendra en France, fin 2015.

 

En parallèle, le WWF poursuit ses actions sur le terrain, et lance actuellement un projet visant à équiper une trentaine de navires du système collaboratif REPCET, qui permet de mutualiser les observations de cétacés entre les navires équipés du système qui pourront ainsi prendre les meilleures mesures d'évitement. Ce projet permettra de mobiliser l'ensemble des compagnies maritimes dont les navires transitent par le Sanctuaire Pelagos sur la question de la protection des cétacés.