Nos associations le redoutaient, le Préfet de Haute-Savoie l’a fait : contre toute attente il a déclenché ce jeudi 8 octobre 2015 une opération massive d’abattage de 200 à 300 bouquetins dont les cabris nés dans l’année. Couvert, semble-t-il, par les décisions de la ministre officiellement en charge de l’écologie, et par le ministre de l’agriculture, l’abattage indiscriminé du seigneur des Alpes, officiellement protégé par les conventions internationales ratifiées par la France, a commencé. Sombre jour pour l’écologie en France.
Nos associations en appellent en urgence au Président de la République pour qu’il ordonne l’arrêt immédiat de ce massacre injustifié.
Cédant à la pression d’une partie du monde rural, sous prétexte de présence de brucellose sur une partie des bouquetins (d’ailleurs introduite par l’élevage domestique), le Préfet de Haute-Savoie s’acharne à vouloir éradiquer la quasi-totalité de la population présente sur le Massif du Bargy. Il a déjà procédé à des opérations massives d’abattage, avec les résultats inverses, à savoir la dissémination de la maladie notamment sur les plus jeunes animaux.
Dès cette nuit et pour plusieurs jours semble-t-il, les gendarmes ont bouclé le massif du Bargy, empêchant tout accès. Les tireurs sont acheminés par hélicoptère. Hier, des dizaines de bouquetins ont été tués par balle. On ne saura jamais combien d’entre eux étaient indemnes de maladie !
Pourtant toutes les études et tous les avis sont convergents, du rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) à l’avis du Conseil scientifique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) chargé en l’occurrence de cette basse besogne, de l’avis du Conseil national de protection de la nature (CNPN) à celui des différents vétérinaires et spécialistes du bouquetin. Non seulement l’abattage de la totalité des bouquetins est illusoire, mais le risque est grand d’une dissémination à d’autres massifs par la dispersions des quelques animaux qui auront échappé aux tireurs. Les solutions existent pourtant comme l’abattage des seuls animaux malades, la vaccination et le suivi dans le temps des animaux sains.
Non, Monsieur le Préfet, on ne gère pas une épizootie dans une montagne comme on le fait avec un troupeau de 20 vaches dans une étable ! Les expériences internationales en témoignent.
Pire, le Préfet précipite l’abattage sans attendre que soit examiné le recours juridique déposé par nos associations et dont l’audience est fixée… dans 10 jours seulement ! Il précipite l’opération pour ne pas avoir à tenir compte d’une décision qu’il redoute. Que nous restera-t-il si le juge confirme l’erreur d’appréciation que nous mettons en évidence ? Qui ressuscitera les animaux injustement et inutilement abattus ?
Enfin, le préfet veut agir sans témoin : 7 de nos militants présents sur le massif ont été interpellés, menottés et conduits en hélicoptère à la gendarmerie où ils ont dû s’acquitter d’une amende.
Lorsque que des éleveurs prennent en otage le Président et le Directeur du Parc National de la Vanoise, non seulement on satisfait immédiatement à leurs revendications, mais ils ne sont pas inquiétés. Lorsque nos associations se contentent d’observer des pratiques contestables, ils sont interpellés.
Monsieur François Hollande, vous avez déclaré vouloir faire de la France un pays exemplaire en matière de protection de la biodiversité d’une part, et de la démocratie environnementale d’autre part. Prouvez-le. Il est encore temps car il faudra plusieurs jours pour tuer autant de bouquetins. Prouvez-nous que nous ne siégeons pas pour rien dans des instances de concertation environnementale depuis tant d’années.