Les ange-gardiens

RABALLAND Estelle

Depuis quinze ans, sa vie est en Afrique, au côté des chimpanzés. En Guinée, la Vannetaise Estelle Raballand est directrice d'un sanctuaire qui accueille des singes orphelins, avec l'objectif de les réhabiliter dans leur environnement. De passage dans le Morbihan, elle raconte comment «les chimps' l'ont choisie».

"Quand je suis en Afrique, je parle de Vannes à tout le monde. Mais loin du sanctuaire de Guinée, les chimpanzés me manquent». Depuis plus d'un mois, pelotonnée dans ses gros pulls, Estelle Raballand est en France. Une parenthèse dans sa vie au coeur de la brousse du parc national du Haut-Niger, le temps de prendre des contacts et de trouver de nouveaux soutiens financiers.

Élever les bébés orphelins La directrice et son équipe, tous bénévoles, vivent avec les chimpanzés entre le sanctuaire et le site où les singes sont relâchés. «Il faut soigner et nourrir les chimps, leur réapprendre à se débrouiller seuls, les habituer au groupe. Cela prend du temps car ils ont été enlevés bébé de leur environnement. Il faut aussi qu'ils se réhabituent progressivement à la forêt. On reconstitue des groupes sociaux. Un travail quotidien rythmé par deux expéditions par semaine dans les villages pour chercher des fruits. Chaque week-end, nous allons aussi faire des courses à la ville la plus proche, à 80km, et une fois par mois, nous nous rendons à la capitale, à 15heures de route», explique Estelle.

La première rencontre d'Estelle avec un grand singe a été déterminante. «C'était lors de mon premier séjour en Afrique, chez un Français qui avait un chimpanzé à domicile. Je me suis approchée en gardant une certaine distance parce que je ne savais pas comment l'aborder. Il m'a regardée et m'a sauté tout de suite dans les bras, il me serrait, il a commencé à m'épouiller et à m'embrasser. Je suis restée plus d'une heure avec lui. Il pleurait quand je suis partie. J'ai récupéré Robert au sanctuaire quelques années plus tard, il était très malade. La captivité est une catastrophe pour les chimps; ils ne sont pas faits pour vivre dans une maison mais en groupe, en pleine nature. Le mal-être les rend agressifs et les gens veulent alors s'en débarrasser».

Son DEUG des sciences de la nature et de la vie, option éthologie des grands singes, en poche, la Vannetaise part comme jeune fille au pair aux États-Unis. «Je me suis mariée avec un Américain qui travaillait alors au Congo. Je l'ai suivi en Afrique où il a été nommé en Guinée; j'ai cherché à faire du bénévolat dans un orphelinat de chimpanzés.  La personne qui s'en occupait jusqu'alors était partie et le gouvernement m'incitait à l'aider. J'ai accepté en attendant que quelqu'un d'autre arrive».

«Quand je suis repartie à Atlanta avec mon mari et mon fils, c'était difficile, parce que je savais que personne ne pouvait s'occuper sérieusement du sanctuaire. De retour, cette fois en Afrique de l'Ouest central, j'ai fait le tour des refuges. Une démarche qui a abouti à la création du Pan African Sanctuary Alliance, instance d'échanges de compétences et de défense d'intérêts communs».

Entre-temps, la jeune femme de 37 ans est retournée auprès de ses chimpanzés de Guinée. Elle accueille des volontaires pour l'aider. En juin, Robert a fait partie du premier groupe relâché en pleine nature, mais il n'a pas suivi les autres. Il a perdu sa balise et son collier. Après plusieurs jours de recherches, et alors qu'elle le croyait mort, Estelle l'a retrouvé et ramené au sanctuaire. *

Source  : Le Télégramme

Depuis 1 an et cette interview, Estelle a passé la main à Christelle Collin, mais reste néanmoins active au sein de l'association

Un article en Anglais sur le site du Daily Mail : cliquez ici et en Français sur le site de 7sur7 : cliquez ici

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