Selon le nouveau rapport Entreprises et approvisionnement durable en coton publié à ce jour par le WWF, Pesticide Action Network (PAN) UK et Solidaridad, les entreprises internationales les plus consommatrices de coton dans le monde ne parviennent pas à tenir leurs promesses en matière d’approvisionnement en coton durable.
Seules 8 entreprises sur 37 sont en effet parvenues à sortir de la zone rouge de l’enquête menée par Rank a Brand, l’un des plus gros sites européens de comparaison de la durabilité et de la responsabilité sociale des entreprises et des marques.
Seul IKEA, le géant du mobilier et des objets de décoration, a été bien noté et se situe dans la zone verte (leader en termes de responsabilité) avec 12 points sur un maximum de 19,5 points. C&A, H&M puis Adidas sont bien derrière, dans la zone jaune (en voie d’amélioration), tandis que Nike, M&S, VF Corporation et Kering se situent dans la zone orange (débutant tout juste une démarche responsable).
29 autres entreprises tombent dans la zone rouge (ne prenant aucune mesure en la matière ou n’ayant pas répondu) et semblent ne rien faire de notable en matière de coton durable.
« IKEA, C&A et H&M ont compris que la durabilité du coton est un atout et un levier de développement pour les entreprises, mais de nombreuses autres entreprises ne tiennent pas leurs promesses », a déclaré Richard Holland, directeur de l’Initiative de Transformation des Marchés du WWF.
« S’approvisionner en coton durable n’a jamais été aussi facile, les entreprises n’ont donc aucune excuse pour ne pas proposer des produits plus responsables aux consommateurs ».
« Il est clair qu’un petit nombre d’entreprises leaders font le gros du travail en matière d’approvisionnement en coton durable », a déclaré Isabelle Roger, responsable du programme Coton de Solidaridad. « Pour que le secteur du coton dans son ensemble suive le mouvement, toutes les autres grandes entreprises devront monter à bord ».
Tandis que 13% de l’offre mondiale de coton peut être classée comme durable, moins d’un cinquième de ce volume est véritablement utilisé dans les produits de consommation, le reste étant vendu comme coton conventionnel en raison d’une demande insuffisante de la part des grandes marques et des entreprises.
« Le manque d’intérêt pour un coton plus durable est très dommageable tant sur le plan environnemental que social », a expliqué Keith Tyrell, directeur du PAN UK. « La production de coton conventionnel souffre souvent de graves impacts sociaux et environnementaux tels que l’usage excessif d’eau ou de pesticides dangereux. Développer le marché du coton durable est la meilleure façon de décontaminer le coton et de protéger la santé des ouvriers ».
Rank a Brand a noté les résultats des entreprises dans trois domaines : politique d’approvisionnement, utilisation, et traçabilité. L’approvisionnement et l’utilisation de coton durable par les entreprises ont notamment été évalués en fonction des volumes certifiés Better Cotton, Cotton made in Africa, bio et Fairtrade – les quatre normes les plus reconnues en matière de durabilité du coton.
Le coton est cultivé dans près de 80 pays dans le monde et représente une matière première clé pour l’industrie textile, soit près de 32 % de toutes les fibres utilisées. Les questions de durabilité portent sur l’utilisation généralisée de pesticides, avec 6,2 % de ventes mondiales de pesticides associés à la production de coton (qui couvre 2,3 % des terres arables de la planète), et sur la consommation intensive d’eau : 73 % de la production mondiale est actuellement dépendante de l’irrigation.
Tandis que nombre de petits producteurs de coton sont obligés de s’endetter à cause du coût des pesticides et des engrais, la production de coton durable permet aux agriculteurs de sortir de la pauvreté en leur assurant un revenu plus stable et en améliorant leurs conditions de travail.
« Le WWF, PAN UK et Solidaridad exhortent toutes les entreprises à prendre leur responsabilité et à rattraper de toute urgence leur retard afin de tendre d’ici 2020 au plus tard à 100 % d’approvisionnement et d’utilisation de coton durable », conclut Arnaud Gauffier, responsable Agriculture et Alimentation du WWF France.