Dans les villes, les espèces connaissent une évolution plus rapide que dans les milieux naturels ou sur les terres agricoles, confirme une étude publiée mardi 3 janvier dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas).
Scrutant la riche littérature scientifique portant sur ce sujet, l’équipe de Yuyu Zhou, de l’Iowa State University, a analysé 89 études publiées, soit un total de 155 espèces et plus de 1.600 caractéristiques morphologiques ou comportementales. Par exemple, la tolérance acquise par certaines plantes, poussant près de pylônes électriques, à tolérer de hautes teneurs en zinc, ou encore celle de certains escargots à supporter la chaleur dégagée par les centrales électriques.
Regroupant l’ensemble de ces changements, les chercheurs montrent que le rythme d’évolution des espèces est plus rapide en ville que dans tout autre milieu, qu’il soit naturel, ou anthropisé mais non urbain comme les terres agricoles. L’équipe va même jusqu’à parler d’une «signature urbaine» de l’évolution, distincte des autres milieux.
Parmi les principales caractéristiques urbaines liées à ce phénomène, les interactions directes entre l’espèce et l’homme, telles que la cueillette sélective de certaines plantes médicinales, dont le ginseng, en fonction de leur taille. Ou encore les interactions avec des espèces introduites, dont celles invasives, plus fréquentes en milieu urbain. Selon les chercheurs, «cette évolution contemporaine pourrait affecter la durabilité des écosystèmes, non seulement au niveau urbain mais aussi planétaire».
Si elles menacent le devenir des espèces, les villes peuvent aussi servir de refuges à certaines d’entre elles, jugées invasives mais fortement menacées dans d’autres contrées, rappelle une étude publiée mercredi 4 janvier dans la revue Frontiers in Ecology and the Environment: c’est l’exemple du cacatoès soufré, en danger critique d’extinction dans son Indonésie d’origine, mais dont quelques individus, échappés de leur cage, ont enfanté une florissante communauté d’environ 200 individus à Hong Kong, soit 10% des effectifs mondiaux de l’espèce. Le Journal de l’Environnement/Romain Loury