Verra-t-on bientôt des mammouths laineux arpenter à nouveau les terres sibériennes ? La question n’est pas aussi farfelue qu’elle y paraît. Une équipe internationale de scientifiques a réussi à reconstituer quasi intégralement le génome de cet animal disparu il y a 4 000 ans et ont publié leurs résultats dans une étude parue jeudi 23 avril dans la revue Current Biology.
Ce séquençage génétique est bien plus précis que le précédent, effectué en 2008, qui avait permis de reconstituer 80 % du génome. Il a été obtenu grâce à des échantillons prélevés sur deux mammouths ayant vécu à 40 000 années d’écart, dans le nord de la Sibérie pour l’un, sur l’île Wrangel, dans l’océan Arctique, pour le second.
« Amusant de voir un mammouth vivant »
Cette avancée pourrait permettre de créer de nouveaux mammouths laineux, célèbres pour leurs longues défenses et leur pelage fourni. « Ce serait très amusant, dans l’idée, de voir un mammouth vivant, et d’observer comment il se comporte, comment il bouge », a commenté auprès de la BBC le Dr Love Dalen, du Museum d’histoire naturelle de Suède, qui a participé à l’étude.
Pour autant, assure le chercheur, le but n’est pas de ramener à la vie une espèce disparue. Cette éventualité, souligne-t-il, poserait des problèmes éthiques, puisqu’il faudrait qu’une éléphante porte un embryon de mammouth génétiquement modifié : « Il me semble que cela pourrait entraîner des souffrances pour la femelle, et ça ne peut se justifier éthiquement. »
« Ethiquement très malsain »
« Les éléphants sont des créatures très sociables, et il n’y a aucune raison de penser que les mammouths ne l’étaient pas », ajoute la chercheuse Beth Shapiro, de l’université de Californie, à Santa Cruz, également interrogée par la télévision britannique. Or, « un mammouth serait nécessairement seul sur Terre. Il ne pourrait vivre en liberté en Arctique qu’après la naissance de beaucoup d’autres animaux. Et à moins que l’on puisse créer beaucoup de mammouths sans se servir d’éléphants, tout cela me semble éthiquement très malsain », ajoute la chercheuse.
Créer des mammouths simplement pour les enfermer dans un zoo « n’aurait vraiment rien de bon », insiste un autre auteur de l’étude, le chercheur Hendrik Poinar, de l’université canadienne McMaster, interrogé par Associated Press. Alors tout juste faut-il concevoir le nouveau séquençage de l’ADN du mammouth comme un « plan, à partir duquel on peut continuer à travailler ».
Source : Le Monde